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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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30 juin 1844.


On a dit avec raison que la direction des intérêts moraux aussi bien que celle des intérêts matériels, échappait au cabinet, et que la chambre, qui n’a jamais manqué au ministère dans les questions politiques, n’hésitait pas à s’en séparer lorsqu’elle cessait d’avoir à redouter la conséquence parlementaire de ses votes. Telle est en effet la situation qui, en se prolongeant depuis trois années n’a pas peu contribué à détendre parmi nous tous les ressorts du pouvoir. L’important débat ouvert dans les bureaux sur la loi relative à l’enseignement secondaire, et la discussion des projets de chemins de fer, sont venus, dans un ordre tout différent, apporter une nouvelle preuve de cette constante disposition d’esprit.

Pour le projet de loi sur l’enseignement, les choix ont été faits et les opinions se sont classées en dehors de tous les engagemens habituels. Le ministère a disparu sous la gravité des problèmes, et quels qu’aient été ses efforts pour diriger dans les bureaux l’élection des commissaires, les choix se sont opérés sans aucun égard à ses recommandations et aux exclusions signifiées par lui. Au sein de la commission, MM. Saint-Marc Girardin et Dupin, que le cabinet n’a pas sans doute cessé de considérer comme ministériels, ont fait prévaloir la candidature de M. Thiers. Le nom de M. Barrot, qui s’est trouvé opposé à celui de l’ancien président du conseil du 1er mars, n’était guère de nature à rassurer davantage le cabinet, pour lequel un pareil succès eût été une assez modeste victoire. Quoi qu’il en soit, le choix du rapporteur introduit désormais une complication fort grave dans cette affaire, et associe étroitement la question ministérielle à la question spéciale, quelque effort qu’on puisse faire pour les séparer. M. Thiers a compris la haute importance de cette loi au point de vue des intérêts de l’opinion qu’il représente. Il est