selon la croyance des hindous, renouvelle notre globe usé, ce chaos effroyable ne fait que rafraîchir les monts et tapisser les rochers de verdure et de fleurs !
Quand le soleil s’est élevé assez haut pour darder ses rayons jusque dans les profondeurs des bois, la route s’anime, et l’on surprend çà et là des groupes curieux. Ici, dans les buissons, sont campés les bateleurs qui voyagent d’une ville à l’autre avec des serpents dans des paniers, des ustensiles d’escamotage, et quelque bœuf savant qui porte le bagage sur les chemins ; de même que le jongleur, dépouillé de son prestige, fait cuire le riz et raccommode, durant la halte, les oripeaux dont il s’affuble pour égayer la foule, ainsi la bête, principal acteur de la troupe, reprend dans les entr’actes son rôle servile. Là, par un sentier détourné, passent silencieusement deux jeunes laboureurs ; sur un hamac grossier suspendu à un bambou, ils transportent avec respect, vers un étang sacré, leur pauvre mère agonisante. Cette population primitive, que rien n’a changée encore, continue de vivre sur les traditions d’une autre époque. En parcourant les lieux qu’elle habite, on la surprend dans l’intimité de ses habitudes et de ses mœurs. Combien de sensations perdues pour nous on retrouve dans cette simple existence ! Par momens, on croirait que la civilisation a pour but de dépouiller l’homme de toutes ses joies du premier âge, et de remplacer toutes les inspirations de son cœur par des émotions factices. Aussi, avec quel bonheur on saisit ces jours de liberté, où du haut de la montagne on se voit seul éclairé par un soleil levant, seul à contempler le magique spectacle d’une radieuse aurore qui est comme le symbole d’une éternelle jeunesse !
La difficulté des passages arrêta plus d’une fois les armées anglaises dans leurs expéditions contre les Mahrattes. Après les guerres qui ont amené le démembrement et la soumission des états confédérés, une route stratégique fut entreprise et achevée, comme l’indique une inscription, par lord Elphinstone. Dans l’endroit le plus escarpé, a été établie une barrière de péage (toll house), où les bêtes de somme et de trait, ainsi que les piétons, doivent payer une légère taxe ; mais, si minime qu’il soit, cet impôt rapporte à l’état environ cent mille francs par an. Le conducteur de bœufs remet par écrit au percepteur le total de ses animaux, que celui-ci compte de nouveau en les faisant défiler un à un. Cette opération, souvent fort longue, cause un grand encombrement sur la route ; tandis qu’une caravane descend, une autre monte ; les bœufs, les chevaux, les chariots, se heurtent, et produisent tout le long du défilé une épouvantable poussière. Il faut attendre,