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les plus chauds et les plus actifs, et où la cause texienne a toujours été populaire : c’est de là que sont sortis les premiers colons du Texas, et que sont parties les bandes qui ont enlevé ce pays au Mexique. On avait cherché à lui éviter l’embarras de se prononcer en mettant en avant son lieutenant, M. Webster. Celui-ci, qui n’avait rien à perdre, se déclara très nettement, dès le mois de janvier dernier, contre le principe même de l’annexation, contestant à la fois la légalité et l’utilité de la mesure. Cependant M. Clay est un homme trop loyal et trop sincère pour s’accommoder de la dissimulation, et à la première nouvelle du traité, il fit connaître son opinion par une lettre adressée au National Intelligencer (le Moniteur de l’Amérique). Par les raisons que nous avons données, il n’ose condamner en principe l’annexation, et se retranche, comme son rival, dans un système dilatoire ; mais il est beaucoup plus précis et plus net que M. Van Buren. Il s’excuse de ne s’être pas expliqué plus tôt, à cause de sa longue absence et du désir qu’il avait de ne pas ajouter inutilement un nouveau sujet de fermentation à ceux qui agitaient l’opinion publique ; puis il blâme énergiquement l’espèce de surprise faite au congrès par le gouvernement. : « Je savais, dit-il, que les possesseurs de terres au Texas, les détenteurs de fonds texiens, et les spéculateurs sur ces fonds, s’occupaient activement de hâter l’accomplissement de l’annexation. Toutefois je ne croyais pas qu’une administration américaine s’aventurerait jamais jusqu’à une mesure si grave et de si haute conséquence, non-seulement en l’absence d’aucune manifestation générale de l’opinion publique, mais en directe opposition avec l’expression ferme et décidée de la désapprobation nationale. Il paraît que je m’étais trompé. A l’étonnement de toute la nation, on nous apprend maintenant qu’un traité d’annexation vient d’être conclu, et qu’on va le soumettre à l’examen du sénat. Les motifs qui me faisaient garder le silence ne subsistent donc plus, et je crois de mon devoir de soumettre au public, pour ce qu’elles valent, mes vues et mon opinion sur cette question. »

M. Clay ne condamne pas le principe de l’annexation ; mais il voudrait qu’elle pût se réaliser avec l’assentiment général des citoyens, sans faire soupçonner le caractère national, sans provoquer une guerre étrangère, sans danger pour l’intégrité de l’Union, enfin, sans donner pour le Texas un prix déraisonnable. Une concession accompagnée de telles restrictions n’a rien qui puisse alarmer les whigs. M. Clay fait ensuite l’historique de la question, et il établit que l’annexation ne peut avoir lieu sans que les États-Unis assument sur eux la guerre actuelle entre le Texas et le Mexique ; que le président n’a pas le droit