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qu’il témoigne pour la France. M. d’Israeli a fait encore, il y a un an et demi, un voyage à Paris, que l’on attribuait ici à une mission politique : s’il a laissé parmi nous d’aimables souvenirs, il semble ne pas avoir emporté de Paris de moins agréables impressions. Nous nous avouons donc flattés de ce mot qu’il attribue à lord Monmouth, lorsque Coningsby se rend en France : « Paris est l’université du monde, où chacun doit prendre ses grades. Paris et Londres devraient être les seuls buts de tous les voyageurs, le reste est simple paysage. » Au risque de passer pour prendre goût trop naïvement à l’encens que nous envoie M. d’Israeli, nous transcrirons volontiers l’hommage suivant rendu à la société parisienne : « L’art de la société, dit-il, est parfaitement compris et complètement pratiqué dans la brillante métropole de la France. Un Anglais ne peut entrer dans un salon parisien sans sentir aussitôt qu’il se trouve au milieu, d’une nation plus sociable que la sienne. Quoi de plus exquis, par exemple, que la manière de recevoir d’une Française ! elle unit je ne sais quel calme plein de grace, quelle dignité sans affectation, aux attentions les plus aimables pour les personnes qui sont chez elle ; elle voit tout le monde, elle parle à tout le monde, et elle voit chacun au bon moment, elle dit à chacun ce qu’il faut lui dire. Il est impossible de découvrir aucune différence dans la position de ses hôtes au ton dont elle les accueille… En Angleterre, lorsqu’un personnage nouveau parait dans nos cercles, la première question est toujours : Qui est-il ? En France, on demande : Qu’est-il ? En Angleterre : Quel est son revenu ? En France : Qu’a-t-il fait ? »

A travers des initiales parlantes, M. d’Israeli adresse des souvenirs polis aux personnes qui lui ont, apparemment, donné la bonne idée qu’il a gardée de la courtoisie de nos manières. M. le comte Molé, M. Thiers, M. le duc Decazes, parmi les personnages importans, sont ainsi salués d’un mot au passage. Par exemple, M. d’Israeli a fait à M. de Pourtalès une faveur plus délicate : c’est dans la belle galerie de M. de Pourtalès, rue Tronchet d’indication de la rue n’est pas oubliée, les admirateurs de Coningsby en profiteront), que Coningsby rencontre Edith Milbank et s’éprend pour elle de la passion que nous vous avons racontée. Parmi les femmes, je vois mentionnée à la place d’honneur la charmante duchesse de G…t ; puis j’entends parler du cercle raffiné de la comtesse de C.s..l..ne et du bal de Mme de Rothschild. Coningsby devient aussi prisonnier un soir, au faubourg Saint-Germain, d’une princesse « qui est un des chefs du parti carliste, et qui venge par des mots spirituels la cause de la dynastie tombée