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MADEMOISELLE

DE LA SEIGLIÈRE.


PREMIÈRE PARTIE.


I.

S’il arrive jamais qu’en traversant Poitiers, un de ces mille petits accidens dont se compose la vie humaine vous oblige de séjourner tout un jour en cette ville, où je suppose que vous n’avez ni parens, ni amis, ni intérêts qui vous appellent, vous serez pris infailliblement, au bout d’une heure ou deux, de ce morne et profond ennui qui enveloppe la province comme une atmosphère, et qu’on respire particulièrement dans la capitale du Poitou. Je ne sais guère, dans tout le royaume, que Bourges où ce fluide invisible, mille fois plus funeste que le mistral ou le sirocco, soit si pénétrant, si subtil, et s’infiltre dans tout votre être d’une façon plus soudaine et plus imprévue. Encore, à Bourges, avez-vous, pour conjurer le fléau, le pèlerinage à l’une des plus belles cathédrales qu’aient élevées l’art et la foi catholiques ; il y a là de quoi défrayer l’admiration durant une semaine et plus, sans parler de l’hôtel de Jacques Cœur, autre merveille, où vous