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puissance qu’il met à notre disposition, que, comme état politique, nous consolidons le rang auquel nous avons droit de prétendre.

Le mouvement du commerce extérieur consiste dans l’échange des produits qui surabondent chez nous, après nos propres consommations satisfaites, contre d’autres produits dont nous manquons. Ce mouvement se compose de phases diverses dont nous nous bornerons à indiquer quelques-unes. Ainsi c’est une chose importante pour le pays que de vendre à l’étranger un objet qui a reçu des mains-d’œuvre multipliées, qui a acquis ainsi une grande valeur, si cette valeur est appréciée, et que l’on nous donne en retour des produits qui auront chez nous une valeur supérieure. Il est encore avantageux de créer des produits qui s’adressent à la masse la plus nombreuse des consommateurs de l’étranger, quand même il faudrait pour cela laisser un article dans un état de médiocrité relative et loin de la perfection à laquelle il pourrait atteindre. Il faut enfin arriver à obtenir de l’étranger le plus haut prix possible pour ce qui aura coûté la somme la plus modique de capital et d’efforts.

Les métaux précieux servent à mesurer et numérer la valeur ; il faut que le pays en possède une quantité suffisante pour qu’ils puissent aisément apparaître dans toutes les transactions où la nécessité et même le caprice exigeront leur présence réelle. Quand cette quantité suffisante existe ; le crédit vient se placer à côté pour se substituer au métal et en faire l’office. Cette situation est favorable aux rapports commerciaux, et les affaires se succèdent sans devenir onéreuses. Si cependant les métaux précieux arrivent à être en excès, l’équilibre des valeurs de toutes les choses mises dans le commerce en est rompu, et une perturbation souvent fâcheuse en est la conséquence jusqu’à ce que l’emploi ou l’exportation de ces métaux comme marchandises ait fait cesser le dommage. Si, d’un autre côté, les métaux précieux ne sont pas assez abondans, tout ce qui tendra à les rappeler sera également à l’avantage du pays.

Vers la fin du siècle dernier, les gouvernemens européens et surtout celui de la France, attachant une importance exagérée aux métaux précieux, se montrèrent fort préoccupés de la recherche de la balance du commerce. Quelques-uns la poursuivent même encore. On voulait, en estimant minutieusement et longuement, d’après les prix courans commerciaux, toutes les marchandises dont l’entrée avait été constatée et toutes celles qui étaient sorties, juger par la différence ce que l’on supposait être l’appoint ou la balance fournie en métaux précieux d’un côté ou de l’autre. Les élémens de ce travail étaient