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américaine des pelleteries, par les traqueurs de castors ou par l’Indien encore libre. Le sol de ces régions, de la nature la plus variée, présente une succession de vastes plaines beaucoup plus élevées que les savanes marécageuses de l’Amérique du Sud, et coupées de distance en distance de collines argileuses, calcaires, ou de grès alternant avec la houille ; ces plaines, assez improprement nommées les praires, sont traversées par le Missouri, la plus considérable des rivières de l’Amérique du Nord, et par ses innombrables affluens. Le Missouri, étant navigable jusqu’aux environs de ces cataractes, au pied des Montagnes Rocheuses, sur un espace de près de 1,000 lieues, est en quelque sorte la grande route du pays.

Depuis le temps où Lewis et Clarke le parcoururent pour la première fois, l’aspect de ce vaste pays, un des moins peuplés qui soient au monde, a peu changé On a calculé que le flot de la colonisation lieues, dans la proportion d’un demi-degré de longitude chaque année, calcul qui, jusqu’à présent, a pu être exact ; mais le jour approche où la marche de la population devra singulièrement se ralentir. Les derniers établissemens américains touchent en effet aux limites extrêmes de l’immense forêt qui, des bords de l’Océan Atlantique, s’étend au cœur du continent américain. Les prairies et les hauts plateaux du Missouri sont loin de présenter les mêmes ressources à la colonisation que les pays occupés jusqu’à ce jour. Si jusqu’à présent les nouveaux arrivans ont pu pousser devant eux, choisissant le sol le plus fertile et la situation la plus favorable, et ont laissé debout derrière eux les dix-neuf vingtièmes de la forêt, il est probable que, plutôt que de dépasser la stérile contrée des Montagnes Noires, et de s’étendre à travers d’immenses plaines nues vers les pays situés par-delà la rivière de la Roche-Jaune, et le vingt-sixième degré de longitude, ils retourneront en arrière, s’établissant dans les portions de territoire de l’Union négligées jusqu’alors et incomparablement plus fertiles que les vastes prairies de l’ouest ou que ces contreforts avancés des Montagnes Rocheuses qui ont reçu la dénomination significative de pays des mauvaises terres.

Le dernier voyageur qui ait parcouru la partie du territoire de l’ouest située par-delà la limite des établissemens, dans un but d’observation scientifique, est le prince Maximilien de Wied-Neuwied. Profondément versé dans les sciences naturelles, le noble voyageur ne s’est pas contenté de traverser le pays comme maints touristes américains ; il y a séjourné, et il a consacré les années 1832, 1833 et 1834 à