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Les très nombreuses notices biographiques consacrées au poète, notamment celles de M. de Jouy son successeur à l’Académie, de M. Tissot son éditeur (1827) et son ami, laissent peu à désirer ; nous y puiserons et aussi nous y renverrons pour plus d’un détail, en y ajoutant seulement en deux ou trois points. Évariste-Désiré Desforges de Parny naquit, comme on sait, à l’île Bourbon, le 6 février 1753. Ce fut probablement, nous dit-on, la petite ville de Saint- Paul qui lui donna naissance ; depuis nombre d’années, la famille des Parny a été connue à Bourbon pour habiter ce quartier, et il est à présumer que c’est de ce centre que, par la suite, elle a rayonné sur les divers autres quartiers de l’île, tels que Saint-Denis, Sainte-Marie, où se trouvent maintenant des personnes du même nom et de la même origine. « Dans un voyage que je fis à Saint-Paul, nous écrit un élégant et fidèle narrateur, j’allai visiter l’ancienne habitation du marquis de Parny, père du poète ; elle appartient aujourd’hui à M. J. Lefort. Ce devait être dans le temps une maison de plaisance dans le goût français du XVIIIe siècle. Adossée à la montagne du Bernica, cette propriété conserve encore, un petit bois étagé sur les flancs de la montée, ses plate-formes en amphithéâtre, quelques restes de canaux et de petits jets d’eau, curiosités de l’époque ; elle dominé fort agréablement la plaine dite de l’Etang, couverte de rizières et coupée d’irrigations ; ces filets d’irrigation, après avoir fait leurs tours et détours, se rejoignent en nappe étendue à l’entrée de la ville (du côté de la Possession), et vont se jeter à la mer, à une lieue et demie environ de la ravine du Bernica. On appelle ainsi la gorge étroite et pittoresque formée par la montagne qui domine l’habitation : c’est un des sites les plus charmans de l’île. Bernardin y eût sans doute bâti de préférence la cabane de Virginie, si un heureux hasard l’avait tout d’abord porté en ce beau lieu, et I’Ile-de-France n’aurait pas tant à vanter ses pamplemousses Après les trois premiers petits bassins qu’on rencontre à l’entrée de la colline, si l’on persiste et qu’on pénètre à travers les plis de plus en plus étroits de la montagne on arrive à un bassin parfaitement circulaire, bien plus vaste, d’une eau claire et profonde, réservoir alimenté sans doute par des sources cachées et de toutes parts entouré de rochers escarpés et nus, du haut desquels tombe la cascade dite du Bernica. Ces masses rocheuses, d’un aspect sévère, sont animées seulement du vol des ramiers sauvages qui s’y sont retirés ; les chasseurs y arrivent rarement et avec assez de peine. »

Voilà un beau cadre, nous dira-t-on, un cadre grandiose, et que