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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 mai 1845.


Maroc et Taïti, voilà deux noms qui portent malheur au cabinet du 29 octobre, et qui reviennent encore dans la discussion pour réveiller douloureusement les susceptibilités de la France. On nous disait que la question de Taïti était heureusement terminée ; toutes les difficultés étaient résolues ; après le désaveu de nos officiers, après l’indemnité Pritchard, nous pouvions nous tenir en repos de ce côté, et tout à coup nous apprenons, par les journaux anglais, de nouvelles complications aussi graves que les précédentes. L’amiral Hamelin, chargé de rétablir le gouvernement de la reine Pomaré, arrive à Taïti : Pomaré refuse de le voir ; elle n’accepte de lui aucune offre, aucune communication directe. S’il veut une entrevue, elle exige la présence de l’amiral anglais. Que pouvait faire l’amiral Hamelin ? En présence des difficultés qu’il rencontre et dont il voit la cause, sa fierté nationale se révolte. Prenant conseil de la dignité de son pays, il institue de son propre mouvement une autorité provisoire, et brise une seconde fois le gouvernement de Pomaré. Voilà ce que nous disent les correspondances anglaises ; elles nous apportent en même temps une longue lettre de Pomaré au roi des Français, pleine d’injures et de calomnies contre nos officiers : œuvre à la fois sérieuse et burlesque, où un missionnaire anglais se donne le plaisir d’outrager la France en empruntant la signature d’une reine sauvage. Si tous ces bruits se confirment, que fera le ministère ? Après le désaveu de M. Dupetit Thouars et de M. d’Aubigny, aurons-nous le désaveu de l’amiral Hamelin ?

Les nouvelles du Maroc n’ont pas moins de gravité. Les feuilles ministérielles avaient célébré, il y a un mois, la convention de Lalla-Maghrnia. On