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VOYAGE ARCHÉOLOGIQUE À NINIVE.

analogie avec celles qui existent encore, en se réglant sur leurs dimensions pour rétablir celles qui manquent.

Bien qu’on puisse relever quelques irrégularités dans les salles et les façades retrouvées en place, on est amené, en les examinant avec attention, à reconnaître que le principe adopté dans la construction était la symétrie, obtenue par des murs se coupant à angles droits et de longueurs égales ; par des portes placées de même ou des sculptures répétées dans un ordre inverse et symétrique. La plupart des salles, parmi lesquelles il s’en trouve cinq de 30 à 35 mètres de longueur, communiquent entre elles par plusieurs portes ; mais il y a des salles auxquelles on n’arrive qu’après en avoir traversé plusieurs, et elles n’ont pas d’autre issue ; elles sont de petites dimensions, et je présume qu’elles étaient réservées pour l’habitation secrète, sans cependant que rien de particulier indique d’une manière certaine quelle a pu en être la destination, si ce n’est la place retirée qu’elles occupent.

Qu’était cet édifice ? Telle est la première question que l’on se fait. À en juger par le nombre de ses salles, il est très probable que c’était un palais, l’habitation d’un des souverains de Ninive. On ne doit pas penser que ce puisse avoir été un temple ou une nécropole ; car pour rendre cette dernière opinion admissible, en constatant l’analogie de ce monument avec les spéos de l’Égypte ou de l’Inde, il faudrait que dans les immenses salles qui se succèdent on vît une suite de bas-reliefs représentant des rois différens avec des costumes ou des attributs marquant les époques diverses de leurs règnes. Or, toutes les sculptures paraissent se rapporter au même souverain, autant qu’on peut en juger par l’identité des physionomies ou des costumes. Quant à l’idée d’un temple, le fait seul du nombre des salles et leur disposition la rendent improbable ; mais cette idée disparaît tout-à-fait quand on remarque que sur un des côtés de la plate-forme où s’élevaient ces édifices on retrouve la trace d’un petit monument isolé de la grande masse des autres, bâti différemment, avec des pierres particulières d’une espèce de basalte noir, très dur, et sur lequel sont exclusivement représentés des personnages mystiques et symboliques, tels que des dieux ou leurs acolytes. Je crois avoir dans cet endroit reconnu l’emplacement d’un autel, et l’on en voit deux au bas du monticule qui, par la direction qu’ils ont prise en roulant du haut de la terrasse, paraissent avoir été enlevés de cette place même.

Cet édifice ainsi distribué reposait sur une plate-forme qui, selon toutes les observations faites, paraît avoir été construite en briques