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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 10.djvu/1185

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tout à coup contre les catholiques, qu’il avait jusqu’alors favorisés, e essaya d’engager Fox à les abandonner aussi. Fox s’y refusa ; il n’éta pas homme à accepter de telles capitulations.

Cette session, si péniblement conduite, et dans laquelle le cabinet prenait tant de soins pour éviter de mettre sa force véritable à une épreuve trop décisive, ne devait pourtant pas se terminer sans qu’il éprouvât un cruel échec. Une commission de la chambre des communes, instituée pour vérifier les abus imputés par la voix publique à l’administration de la marine, avait découvert, dans le cours de ses investigations, des faits qui semblaient faire peser une grave responsabilité sur lord Melville, premier lord de l’amirauté. Il paraissait certain que bien des années auparavant, à l’époque où il remplissait les fonctions de trésorier de la marine, il avait fait retirer irrégulièrement de la banque des sommes qui y étaient déposées pour le compte de l’état. Interrogé par les commissaires, il déclara que des raisons de service public ne lui permettaient pas d’expliquer la cause d’une partie de ces mouvemens de fonds ; quant aux autres, il ne put nier qu’ils n’eussent eu lieu pour son usage particulier. L’état, il est vrai, n’en avait éprouvé aucun dommage ; le capital, les intérêts même avaient été remboursés ; diverses circonstances étaient même alléguées pour justifier la bonne foi du ministre et pour établir qu’il avait pu se faire illusion sur l’irrégularité d’un pareil acte. Cette irrégularité n’en était pas moins réelle, et ce qui donnait à l’affaire un caractère plus sérieux, c’est que lord Melville, lorsqu’il siégeait à la chambre des communes, avait lui-même fait voter un bill qui, en augmentant le traitement des trésoriers de la marine, leur interdisait ces opérations équivoques consacrées jadis par l’usage comme un des bénéfices accessoires de leur emploi. La commission ayant résumé les faits dans un rapport spécial, l’opposition saisit avec ardeur l’occasion qui s’offrait de porter un grand coup au ministère. Elle haïssait dans lord Melville un des adversaires les plus persévérans de ses doctrines, un des plus utiles auxiliaires de Pitt, le seul de ses collègues actuels qui, par son expérience, son habileté pratique, son influence personnelle, pût alléger pour lui le fardeau des affaires. C’était plus qu’il n’en fallait pour décider l’opposition à engager contre le premier lord de l’amirauté une lutte qui pouvait détruire son existence politique, qui, en tout cas, devait porter une irréparable atteinte, à sa considération. Whitbread se chargea de commencer l’attaque. S’emparant clés conclusions du rapport, il proposa, le 8 avril, contre lord Melville, une suite de résolutions dont la