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de la Gambie à Sierra-Leone. Les lieux où ils trafiquent sont l’île de Bissao, l’embouchure du Rio-Nuñez, celle du Rio-Pongo et quelquefois Gallinas. En multipliant leurs établissemens sur la côte d’Ivoire et sur la côte d’Or, les Anglais y ont rendu la traite périlleuse ; aussi les négriers espagnols fréquentent de préférence le golfe de Bénin, le long duquel s’étendent les états du roi de Dahomey, qui fait la traite pour son compte dans deux grands entrepôts, Ajuda, appelé Whydah par les Anglais, et Badagry. La traite a beaucoup diminué dans la baie de Biafra, qui s’étend de l’embouchure du Niger à celle du Gabon depuis que les Anglais ont établi une station en permanence aux environs de l’île de Fernando-Po ; mais la connivence des autorités portugaises de l’île de Saint-Thomas donne encore aux négriers beaucoup de facilités pour échapper aux croisières anglaises. Les lieux qu’ils fréquentent le plus habituellement sont les diverses embouchures du Niger, les rivières Bonny, Calabar et Cameroons. Le Gabon fut un des plus grands marchés d’esclaves jusqu’à l’établissement tout récent qu’y ont formé les Français.

Les négriers brésiliens se tiennent, comme nous l’avons déjà dit, à la Guinée méridionale ; ils fréquentent surtout les ports de Cabinda, Zaïre, Ambriz, Loando et Benguela. En 1826, Saint-Paul de Loando exportait annuellement 20,000 esclaves ; Benguela venait ensuite, après avoir fait long-temps un commerce supérieur à celui de Loando. Aujourd’hui les deux ports les plus fréquentés sont Cabinda et Benguela, l’un à l’extrémité nord, l’autre à l’extrémité sud de la Guinée. Du reste, la préférence que les négriers donnent à un endroit sur un autre dépend beaucoup de la vigilance avec laquelle les croiseurs anglais surveillent tel ou tel point. Pendant long-temps ils se tinrent à la côte de Guinée, ne faisant que de rares apparitions sur les côtes de l’Angola et du Benguela. Depuis quelques années, ils surveillent bien plus strictement cette côte. Il en est résulté qu’un assez grand nombre de négriers se sont adressés alors aux établissemens portugais de la côte orientale, et la traite a pris tout à coup dans le Mozambique un développement considérable. Les négriers y trouvent le double avantage du bon marché et de la sécurité. La traite s’y fait dans les trois ports de Mozambique, de Quillimane et d’Inhambane. Les deux premiers marchés sont approvisionnés par l’iman de Mascate, qui y envoie de nombreuses cargaisons d’esclaves, le troisième par les guerres intestines des peuples du voisinage. Mozambique exporte annuellement 10,000 esclaves, Quillimane 5,000, Inhambane 1,500 à 2,000. L’Angleterre s’est vue obligée d’envoyer une