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qui n’ont aucun caractère de fiscalité, on trouve que sur un actif de 46 millions, l’impôt n’est réellement que de 37 millions. À ce compte, la cotisation municipale se trouve réduite, comme nous l’avons dit au début, à 39 francs par tête, au lieu de 48 francs, selon le calcul trompeur des statisticiens qui opèrent sur les chiffres sans les analyser.


II – DEPENSES

Avant le rétablissement de l’octroi municipal, les dépenses de la ville de Paris n’atteignaient pas même deux millions ; les frais d’administration et de police absorbaient presque en totalité cette faible somme ; 120,000 francs seulement étaient consacrés à l’entretien des monumens et aux travaux publics. Beaucoup de services restaient en souffrance ; les dépenses de nécessité absolue, comme les secours aux hospices, le pavage, et les fontaines, retombaient forcément à la charge de l’état. Suivant la remarque du citoyen-ministre Rame], dans son compte-rendu de l’an ix, la restauration des octrois eut pour effet de soulager le trésor public en rejetant à la charge des villes la plupart des dépenses locales. Ainsi, chaque ville est restée libre d’améliorer les conditions de son existence, suivant les sacrifices qu’elle juge convenable de s’imposer. Avec un principe d’équité, ce système présente un inconvénient. Les conseils municipaux, ne sachant pas corriger la rigueur fiscale par des considérations politiques, se préoccupent trop exclusivement de la splendeur apparente des cités : il semble que leur principale affaire soit d’augmenter les recettes, et d’y proportionner les dépenses. En ce qui concerne Paris, les deux petits millions de l’an vi ont grossi successivement jusqu’à 47,341,361 fr., chiffre officiel de 1843.

Le budget municipal commence, comme celui de l’état, par le chapitre de la dette publique. La commune parisienne, malgré ses ressources croissantes, a été obligée d’emprunter, et de 1809 à 1832 le produit des emprunts a souvent grossi d’une manière fictive le total des recettes. Certaines dettes, contractées pour accomplir des travaux d’utilité publique, ont été des spéculations honorables et lucratives : tels furent les emprunts ordonnés par l’empereur, pour la construction des halles et marchés, de la bourse, des abattoirs, du canal de l’Ourcq ; tels encore ceux qui ont été faits sous la restauration et la dynastie de juillet pour achever, pour compléter les conceptions du génie impérial : cette série d’emprunts utiles a produit en total, une