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Le conseil municipal vote chaque année une somme, distribuée à titre de subvention ou d’encouragement aux sociétés charitables formées par le zèle des particuliers. 70,000 francs à répartir entre trente-quatre associations sont un bien faible secours : il ne faut voir là qu’un témoignage de sympathie et d’encouragement pour le zèle volontaire qui complète l’œuvre officielle de l’autorité. Un intéressant mémoire publié par le préfet de la Seine pour justifier ce genre d’allocation montre combien la charité privée est active et ingénieuse. Peu importe que des intrigans se glissent parmi les personnes vouées au bien : il ne faut pas examiner si la bienfaisance n’a pas son charlatanisme, si la philanthropie même la plus sincère n’exagère pas toujours un peu le bulletin de ses triomphes. Il suffit qu’en somme le malheur finisse par y trouver son compte. Or, on ne saurait douter que beaucoup de bien ne soit accompli par les sociétés dont M. de Rambuteau a fait l’énumération, comme par mille autres dont il n’a pas parlé. En 1843, une association, dite des Mères de famille, a secouru 714 femmes en couches ; une autre société de Charité maternelle a assisté 900 femmes dans l’accomplissement des devoirs de la maternité ; les dons ordinaires, évalués à 90 francs par famille, ont été accordés de préférence aux mères qui accouchent à domicile et promettent de ne pas abandonner leurs enfans. La récente institution des crèches où les enfans au berceau sont gardés pendant le jour, afin que les mères puissent concilier leurs devoirs de nourrices avec l’exercice du métier qui les fait vivre, est à coup sûr une des plus touchantes inspirations du zèle religieux. Entre la crèche et la salle d’asile, il y avait place encore pour une institution tutélaire : on a essayé l’Asile Fénelon, qui déjà réunit 210 enfans de trois à six ans. Douze sociétés diverses se vouent à la tutelle des orphelins. Cette heureuse concurrence a profité à près de 1,000 enfans des deux sexes, qui ont été recueillis, entretenus et convenablement placés. La colonie agricole de Petit-Bourg espère pouvoir porter bientôt à 300 le nombre de ses pupilles. Une autre colonie, fondée sur les mêmes bases, n’admet que les enfans trouvés : on veut essayer si une bonne éducation donnée à ces enfans, ne fournirait pas les moyens de recouvrer les dépenses faites pour eux. La visitation des malades est le but spécial de plusieurs confréries, et il y a des ressources appropriées à tous les âges. Un asile ouvert aux jeunes filles convalescentes en réunit environ 150 par an. Il y a des infirmeries spéciales pour des vieillards, hommes et femmes, pour des sourds-muets, pour des aveugles qui ne peuvent pas, se faire admettre dans les établissemens de l’état. Deux maisons religieuses,