dont on revendiquait avec un tel acharnement l’invention. Eh bien ! quand on examine avec impartialité les pièces originales, on trouve que l’auteur réel de cette découverte est Fermat. Au premier coup d’œil, une telle assertion doit paraître si extraordinaire, tranchons le mot, si incroyable, que, ne pouvant donner ici les développemens techniques ni les preuves tirées des œuvres mathématiques de Fermat, nous croyons devoir la placer sous la garantie de d’Alembert, de Lagrange et de Laplace, qui ont tous reconnu les droits de l’illustre magistrat de Toulouse.
Lorsque d’Alembert réclama en faveur de Fermat, il avait sur ce point à combattre l’opinion de tous les géomètres de l’Europe, qui attribuaient les uns à Newton, les autres à Leibnitz, l’invention des nouveaux calculs. Il doit donc s’exprimer avec beaucoup de réserve, et il se borna, dans l’Encyclopédie, à déclarer qu’on devait à Fermat « la première application du calcul aux quantités différentielles pour trouver les tangentes » Quoiqu’une opinion plus explicite fût ensuite défendue avec beaucoup de talent par Genty dans son discours sur l’influence de Fermat, elle ne semblait pas suffisamment motivée et trouvait peu de partisans, lorsque Lagrange, qui avait fait une étude approfondie des principes du calcul infinitésimal et qui s’appliquait avec un soin particulier aux questions historiques, affirma dans ses Leçons sur le calcul des Fonctions « qu’on peut regarder Fermat comme le premier inventeur des nouveaux calculs. » Ce témoignage d’un géomètre supérieur qui ne défendait pas un concitoyen dans Fermat est ici d’un poids immense. À mesure que la question a été étudiée, elle a paru s’éclaircir davantage et à une époque plus rapprochée de nous, Laplace, dans son introduction à la Théorie analytique des probabilités, a déclaré positivement que Fermat doit être considéré comme le véritable inventeur du calcul différentiel. »
Il faut être placé à une très grande hauteur pour juger des questions de cet ordre, et pour attribuer à chacun avec autorité la part qui lui revient dans une semblable découverte. Le calcul infinitésimal, comme toutes les grandes inventions, est le résultat des efforts de plusieurs esprits éminens, et Lagrange, dans l’ouvrage déjà cité, a fait la part de chacun. L’influence de Fermat sur la découverte des nouveaux calculs n’a pas été acceptée sans contestation par les savans anglais, qui, après avoir repoussé d’abord si outrageusement les droits de Leibnitz, n’ont admis le grand géomètre allemand à partager la gloire de Newton qu’afin de mieux masquer leur opposition contre Fermat. Un article, fort remarquable d’ailleurs, inséré