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MELANGES SCIENTIFIQUES.




L'ACADEMIE DES SCIENCES ET SES TRAVAUX.[1]




I

Lorsque nous interrogeons les annales des siècles passés pour y chercher l’histoire des connaissances humaines, nous voyons d’abord la science intimement unie à la religion. Toutes deux habitent le sanctuaire et sont l’apanage du prêtre. Sur les bords du Tigre, de l’Euphrate et du Nil, les peuples s’inclinent devant les emblèmes allégoriques dont un intérêt de caste a couvert les dogmes épurés ou les vérités naturelles, et l’initié seul achète au prix des plus rudes épreuves le droit de soulever le voile qui les cache aux yeux du profane. Jusqu’où s’est étendu le savoir positif de ces temps reculés ? Nous l’ignorons. Les temples de Babylone, de Thèbes et de Memphis ont enseveli sous leurs ruines presque tous les secrets qui leur furent confiés. Quelques restes échappés à l’oubli des siècles nous permettent pour tant de croire que des générations nombreuses n’avaient pas interrogé en vain la nature pendant les longues années de cette domination théocratique. Frappé de la précision des connaissances que les prêtres de cette époque paraissent avoir eues en astronomie, Bailly est allé jusqu’à supposer chez

  1. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences (janvier, février, mars, avril, 1845.)