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hiérarchie embrasse tous les degrés, et rattache tous les agens au chef suprême. Quant aux raisons d’économie, elles ne peuvent exister qu’autant que les employés dont nous nous occupons seraient en réalité moins payés que s’ils l’étaient directement par l’état. Or, d’où que leur vienne le salaire, il doit être suffisant et proportionné à leurs travaux et à leur talent. La mesure en est la même, que le ministre ou le préfet en règle le taux. L’état ne doit pas leur accorder une récompense supérieure à leur mérite, ce serait dilapidation ; le département ne doit pas non plus la leur accorder inférieure, ce serait injustice, dureté et mauvais calcul administratif. Ainsi, les raisons de hiérarchie et d’économie ne sont pas admissibles ; pourtant ce sont celles qui ont fait établir un régime par lequel une foule d’employés laborieux, capables, expérimentés, sont privés de tout avenir, condamnés à languir toute leur vie dans une position obscure et ingrate, et placés, à l’égard de tous les autres serviteurs de l’état, dans une condition humiliante d’infériorité. Ce malaise réagit sur les affaires publiques. Les hommes qui se sentent forts s’éloignent d’un service si mal récompensé ; ceux qui y entrent n’y apportent que le découragement et la misère. Le chef du service, préfet ou directeur, ne sait le plus souvent comment combler les vides, et l’on en a vu qui, hors d’état de remplacer un employé de qui dépendait tout le travail, se trouvaient obligés de subir ses exigences, loin de jouir d’une autorité plus certaine. Nous appelons sur cette partie de l’administration l’attention de tous ceux qui veulent à tous les degrés que les services soient récompensés et la condition des fonctionnaires garantie.

En résumé, pour en revenir aux services généraux, c’est surtout l’avancement qui règle la promotion aux emplois. Son domaine se compose de toutes les fonctions qui lui sont légalement et exclusivement dévolues, et de celles où il est consacré par la pratique et par des raisons de justice et d’utilité publique. Cependant, là même où il s’exerce, les règles établies ne sont pas toujours les meilleures, et il y pourrait occuper une plus grande place. D’un autre côté, il devrait, régir des services d’où on l’a exclu. C’est ce que nous allons essayer de faire voir.

La règle qui doit présider à la distribution des emplois a été proclamée de toute ancienneté. Les états-généraux disaient jadis : « Il faut pourvoir aux emplois et non aux personnes. » La même pensée était exprimée par l’empereur, qui répétait souvent : « Il faut choisir l’homme qui convient à la place, et non la place qui convient à l’homme. » Les fonctionnaires à tous les degrés sont les serviteurs de l’état ; l’intérêt