Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/1017

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mme DU CHATELET.




LETTRES INEDITES
Au maréchal de Richelieu et à Saint-Lambert




On s’est beaucoup occupé de Voltaire dans ces derniers temps, et après tant d’attaques violentes et de jugemens passionnés, c’était justice de revenir à ce grand homme avec impartialité ou plutôt avec reconnaissance. Voltaire a été le hardi fondateur de cet esprit de tolérance politique et religieuse que, malgré quelques essais infructueux en sens contraire, la génération actuelle tient à honneur de maintenir. Voltaire fut le représentant de tout un siècle. M. de Châteaubriand l’a dit : « Voltaire est à lui seul toute l’histoire de France de son temps. » Nous n’avons point à rappeler ici ce qu’a fait pour la France et pour le monde ce bienfaisant génie à qui Paris doit encore une statue auprès de celle de Molière. Nous entreprenons une tâche plus humble. Il y a presque toujours dans la vie des grands hommes une attrayante figure de femme dont les biographes attachés à la principale figure dédaignent de s’occuper, ou qu’ils ne nous rendent qu’imparfaitement. N’est-ce pas aux femmes qui tiennent une plume de revendiquer ces touchantes et nobles mémoires trop souvent méconnues par la postérité ? Les femmes sont un peu traitées par les historiens et par les moralistes comme on traite les nations vaincues,