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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/1016

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tout abus, elle gênerait d’une manière fâcheuse certaines parties du service public ; si elle admettait des exceptions pour faire la part de toutes les nécessités, elle ouvrirait la porte aux abus même contre lesquels elle serait dirigée. Des ordonnances délibérées par le conseil d’état peuvent seules régler cette matière, sauf l’intervention de la loi pour quelques mesures qui ne pourraient être prises sans y recourir. Nous croyons avoir suffisamment indiqué le but général que devrait se proposer le gouvernement : à l’entrée des carrières, créer des garanties applicables à tous les services, et dont le modèle se trouve déjà dans plusieurs, donner la sanction de règlemens obligatoires aux mesures adoptées dans les administrations financières, les coordonner, les rendre uniformes, subordonner partout l’admission à une aptitude constatée par un examen, y joindre la garantie d’un stage, constituer un noviciat judiciaire ; préparer des hommes aux délicates fonctions de la diplomatie, aux devoirs austères de l’administration ; organiser, comme point de départ, un enseignement. sérieux et approfondi des sciences politiques, administratives et financières ; — pour le partage des autres emplois, accorder à l’avancement tous les privilèges compatibles avec l’intérêt public, réserver à la politique les positions qui lui sont nécessaires, aux talens supérieurs les emplois assez élevés pour que l’intrigue n’y puisse atteindre, combiner dans une proportion convenable les droits de l’ancienneté et ceux du talent, ne laisser à l’arbitraire, dans la diplomatie, dans la magistrature, dans l’administration, que la part rigoureusement nécessaire ; en un mot, consacrer partout les privilèges de la capacité, cette loi d’un pays qui a détruit l’hérédité des charges et la vénalité des emplois, et ne laisser jamais sans récompenses les services rendus, premier titre à l’estime publique et à la confiance de l’état, titre sacré que les premiers des citoyens, ceux même que leur naissance a placés sur les marches du trône, ne laissent échapper aucune occasion d’acquérir : telles sont, selon nous, les données générales du problème.

Nous avons dit comment s’acquièrent les fonctions publiques ; il nous reste à retracer les droits et les devoirs de ceux qui les occupent.