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forment le pavé de toutes les portes. M. Botta a cru y remarquer des incrustations métalliques, destinées sans doute à protéger les caractères contre le frottement des sandales de ceux qui avaient leurs entrées au palais du grand roi.

J’ai dit précédemment que les figures symboliques découvertes à Khorsabad me paraissaient des images de dieux, parce que j’avais retrouvé leurs analogues dans de petites figurines en terre cuite, cachées avec le plus grand soin, évidemment dans une pensée religieuse, sous le sol des cours extérieures. Voici comment j’ai été conduit à retrouver ces idoles, et, à ce propos, je dirai qu’il faut souvent, dans des recherches de ce genre, que le bonheur vienne au secours de l’investigateur et de ses raisonnemens. Je cherchais à comprendre la manière dont le pavage des cours était établi ; j’avais fait enlever les deux rangs de briques qui le composaient, lorsque, sous une de celles du second, il s’ouvrit tout à coup un large trou carré. Je l’examinai de près, et je m’aperçus que c’était une fosse parfaitement construite avec quatre briques sur champ, ayant au fond une quatrième sur laquelle reposait une couche épaisse de sable fin. En y plongeant la main pour en retirer ce sable, l’ouvrier ramena un morceau de terre cuite que je reconnus facilement pour avoir appartenu à une petite figure. Je fis alors chercher avec plus de soin, et on en retrouva les autres fragmens. L’idole dont ils avaient fait partie s’était sans doute amollie par l’humidité, et affaissée sur elle-même, elle s’était décomposée ; mais la petite fosse dans laquelle on avait fait cette singulière découverte n’avait d’ailleurs rien de remarquable, et comme la place qu’elle occupait n’offrait aucune particularité, je présumai qu’il y en avait ainsi beaucoup d’autres disséminées sous le pavé. Celle-ci était en avant, sur le côté d’une des portes d’entrée, et il était fort possible qu’à la place symétriquement correspondante, de l’autre côté, il y eût un trou semblable. Je le trouvai, et cette fois, plus heureux, j’en retirai une petite statuette également en terre cuite, mais assez bien conservée, et entièrement couverte d’un émail bleu semblable à celui qui recouvre les petites figures égyptiennes du même genre. Elle était coiffée d’un bonnet à cornes, et le reste de son ajustement, moins les ailes, ne différait pas de celui des personnages ailés figurant sur les façades.

Cette nouvelle circonstance devait fort naturellement me faire croire.qu’il y avait, en avant et de chaque côté de toutes les portes, des idoles semblables cachées sous le sol, dans des trous où une superstition religieuse les avait fait placer comme gardiennes du seuil et divinités protectrices de l’habitation du souverain. Mes présomptions