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comme votre majesté avait été aise d’entendre les faveurs que je leur faisais ; l’autre estait du vice-roy de Goa, comme votre majesté lui avait escrit qu’il m’assistât d’aide et de secours en ce qui serait nécessaire pour mon royaume. Je suis très aise de savoir toutes ces choses, car quant aux pères, durant ces onze ans qu’ils ont demeuré en ma cour, ils ont toujours marché comme bons religieux ; ainsi je les traiterai comme tels et comme votre majesté désire. Quant au vice-roy, je suis toujours prêt pour le secourir avec toutes mes forces quand il en sera besoin contre les Sarrazins, nos anciens ennemis, etc. Je désire que l’amitié, laquelle dès le temps de Narsinga les roys mes devanciers ont eue avec les roys de Portugal, soit maintenue entre votre majesté et moi. »

Le reste du règne de Ventacapaty n’offre plus rien d’intéressant. Il meurt en 1625. Son neveu Trimala-Raja lui succède. C’est ce prince qui permit aux Anglais, en 1633, de former un établissement à Madraspatnam, près de la ville de Saint-Thomas, et d’y bâtir un fort en 1640. La crainte d’une invasion des Mogols avait causé plus d’un tourment à son prédécesseur. Ce ne fut pourtant pas de Delhi que partit le coup qui anéantit les rois de Narsinga. Un empire croulant lui-même sous les atteintes des Mogols vint d’abord s’abattre sur celui de Vijayanagar avant de le couvrir de ses propres ruines. La dynastie des Bahminides avait été remplacée sur le trône de Golconde par celle de Couttoubshah. Le Carnate fut conquis pour un roi de ce nom par un, personnage assez fameux, l’émir Jemlah, celui qui devint ensuite le favori d’Aurungzeb, et le visir de Shah-Jehan. La guerre dura six ans, de 1644 à 1650, et se termina par la destruction totale et définitive de la monarchie de Vijayanagar.


III.

On connaît maintenant les souvenirs historiques qui planent sur les ruines de Vijayanagar. Depuis bientôt deux cents ans que les Européens s’agitent dans le Dekhan, personne cependant n’a encore songé à publier une description de ces restes admirables d’une capitale dont la civilisation rayonnait sur tout l’espace compris entre le Kistnah et le cap Comorin. Il n’y a pas encore trois siècles qu’elle excitait l’envie de toute l’Asie, et dans ce court intervalle, c’est à peine si son nom même a échappé à l’oubli. Les villageois qu’on rencontre dans le voisinage des ruines les désignent sous le nom collectif de la vieille cité.