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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/280

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encore vu et ne se verra peut-être jamais, tandis que la ligne d’un canal, nous ne parlons pas des rivières, est toujours et nécessairement de niveau.

Avec de telles différences dans l’effort de la traction, il est difficile de comprendre que le transport puisse s’effectuer aussi économiquement sur un chemin de fer que sur un canal. Comment donc est-on parvenu à se faire illusion sur ce sujet au point de croire que le premier puisse lutter à conditions égales, ou même avec des conditions plus favorables ? Comment se fait-il surtout que certains faits, en petit nombre il est vrai, mais constans, semblent confirmer cette étrange croyance ? C’est précisément parce que le prix du transport, dans tous les modes possibles de communication, se compose, comme nous le disions tout à l’heure, d’élémens divers ; c’est parce que ces élémens ne sont pas sujets aux mêmes lois, qu’il s’y rencontre des inégalités indépendantes de la supériorité absolue du mode de transport, et que ces inégalités, quand on ne s’en rend pas compte, autorisent parfois les hypothèses les plus absurdes. C’est en outre qu’on a abusé des contradictions apparentes de certains faits mal examinés, mal compris. C’est enfin qu’on a profité de la confusion que ces contradictions font naître pour substituer aux simples indications de l’expérience des combinaisons captieuses, des calculs factices, qui semblent parfois mettre la raison même en défaut.

Nous n’avons qu’un seul moyen d’éviter à cet égard toute confusion, et de faire jaillir des faits les lumières qu’ils recèlent : c’est de considérer séparément chacun des élémens constitutifs des prix du transport. Qu’on nous pardonne l’aridité de quelques détails en faveur de l’importance du sujet. Dans l’avenir comme dans le présent, de grands intérêts s’attachent à la solution de ces questions.


II. – DU PEAGE.

Suivant ce que nous avons dit précédemment, le péage ne serait pas dû pour les voies navigables, en ce que la dépense de leur construction et de leur entretien serait déjà compensée par les services qu’elles rendent à d’autres titres. Supposons toutefois que ce péage soit dû, puisqu’aussi bien on l’exige dans certains cas, et voyons quelles sont les lois qui le régissent.

Puisqu’il est destiné à couvrir l’intérêt d’une somme fixe, une fois déboursée pour l’établissement de la voie, et la dépense annuelle de l’entretien, qui ne change guère, on voit que, pour répondre à son