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Vitesse par heure Effet utile de la force d’un cheval «
Sur un canal Sur un chemin de fer de niveau
4,000 mètres. 48 tonnes. 13 tonnes.
8,000 6 6,30
12,000 1,77 4,20
16,000 0,75 3,10

N’examinons pas jusqu’à quel point ces données sont exactes ; un à peu près nous suffit, et, en les empruntant à un ouvrage où s’annoncent des idées opposées aux nôtres, nous ne serons pas suspect de les avoir choisies pour notre usage.

En suivant les indications de ce tableau, on trouverait donc que, pour une petite vitesse de 4 kilomètres à l’heure, une force égale obtiendrait des résultats beaucoup plus grands sur un canal que sur un chemin de fer ; le rapport serait de 48 à 13. Pour des vitesses plus grandes, le rapport changerait à tel point, que le chemin de fer l’emporterait à son tour : ce qui s’explique par la différence des résistances de l’air et de l’eau. Mais il est bon de remarquer que les petites vitesses conviennent aux canaux, tant parce que leur constitution s’en accommode que parce que les marchandises qu’ils transportent ne demandent pas une locomotion rapide, tandis que les chemins de fer sont spécialement consacrés aux transports accélérés ; et quand même la nature de leur service ne les inviterait pas à adopter les grandes, vitesses, la rigidité de leur structure leur en ferait une loi, car une marche plus lente y produirait aussitôt l’encombrement. Aussi peut-on dire que, si la vitesse naturelle des bateaux sur les voies navigables est de 4 kilomètres à l’heure[1], celle des convois de marchandises sur les chemins de fer est d’au moins 16 kilomètres, comme elle a été généralement réglée jusqu’à présent : d’où il suit que la charge d’un cheval, qui serait, dans le premier cas, de 48 tonnes, ne serait plus, dans le second, que de 3 et 1/10e, c’est-à-dire plus de quinze fois moins forte. Ce qui augmente encore cette inégalité déjà si grande, c’est le poids relatif des véhicules ; car un convoi de wagons, avec sa locomotive et son tender, pèse incomparablement plus qu’un bateau portant une charge égale. Ajoutons que, dans le tableau qui précède, on suppose un chemin de fer de niveau, ce qui ne s’est pas

  1. Elle n’est même que de 3 kilomètres à 3 1/4. Aussi la charge qu’un cheval traîne sur un canal est-elle généralement plus forte que celle qui est indiquée sur le tableau.