Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/541

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voter à cet effet une somme de 50,000 francs, avec une unanimité de bon augure pour l’entreprise. D’un autre côté, une société se forme parmi les hommes les plus honorés de la banque, du haut négoce et de l’industrie, pour garantir le versement du capital mobile dès que les parties intéressées seront d’accord et que l’association aura été validée par le concours tutélaire de l’état. La commission d’expertise, dont la formation et le départ ne dépendent plus que la volonté de M. l’amiral de Mackau, représentera sans doute le gouvernement et la compagnie provisoire des capitalistes ; réunie à son arrivée aux mandataires des colons, elle entrera en rapport avec les propriétaires disposés à accepter l’acte social. Le conseil colonial de Cayenne vient d’instituer une commission de trois membres chargée de lui faire un rapport, et les voix se sont réunies sur les personnes favorables au système. Il faut s’attendre néanmoins à ce qu’un petit nombre de propriétaires refusent leur concours, par entêtement ou par défiance. A ceux-ci, dit M. Lechevalier, la compagnie offrira d’acheter leurs terres au comptant et à prix débattu, sauf à les exclure des bénéfices éventuels réservés aux autres ; s’ils refusent de vendre pour continuer leur exploitation isolée, on pourra chercher dans la loi récente qui autorise le rachat des noirs, les moyens de généraliser le travail libre dans la colonie.

La compagnie n’entend acquérir que les domaines susceptibles d’exploitation. Les propriétés de ville, les manoirs domestiques, les esclaves attachés au service intérieur des familles, resteront en dehors de l’expertise. Les études des commissaires, limitées aux propriétés agricoles et industrielles, spécifieront la contenance et la qualité des terres, le nombre et l’aptitude des esclaves, la valeur du matériel et du bétail, et sans doute aussi des marchandises en magasin. Les aperçus fournis par les publications officielles sont si contradictoires et si confus, qu’il est difficile de prévoir le total de cette expertise. Arrêtons-nous au chiffre probable de 30 millions, pour quatre cents domaines grands et petits. Ce capital foncier représentant l’apport des colons, on pourra demander 20 millions en numéraire à la place de Paris, et limiter le fonds social au chiffre de 50 millions. Le ministère aura alors à consulter les chambres pour savoir s’il convient d’élever la compagnie à la hauteur d’une institution nationale, en garantissant à ses actionnaires un minimum d’intérêt.

Si certaines entreprises d’utilité publique sont dignes du concours tutélaire de l’état, ce sont assurément les essais de colonisation. Les idées étaient très nettes à ce sujet parmi les hommes d’état de l’ancien