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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 août 1845.


Le parlement anglais vient d’être prorogé jusqu’au 2 octobre. Malgré plusieurs discours prononcés par les chefs de l’opposition, les dernières séances ont présenté peu d’intérêt. Dans la chambre des communes, lord Palmerston a fait un effrayant tableau de notre puissance militaire, et a conjuré sir Robert Peel de prendre des mesures contre le danger imminent d’une invasion française. Notre marine, suivant le noble lord, est supérieure à la marine anglaise, et nous avons une flotte à vapeur capable de transporter en un jour deux cent quatre-vingt-dix mille hommes sur les côtes britanniques. Comme on peut le penser, ces étranges assertions, débitées avec un grand sang-froid par lord Palmerston, ont fait sourire son auditoire, et sir Robert Peel n’a pas eu de peine à les réfuter.

Dans une autre séance, lord Palmerston a parlé de la Grèce ; c’était un sujet plus sérieux et plus digne de l’attention du parlement. Le noble lord a blâmé en termes amers l’administration de M. Coletti. Il attribue au gouvernement français tout ce qui se passe en Grèce. Il reproche au cabinet britannique de ne pas intervenir dans les affaires du pays, et d’y laisser décroître son influence. Lord Palmerston voudrait que l’Angleterre, usant rigoureusement de son droit, exigeât du gouvernement grec le paiement des intérêts de sa dette sur le produit de l’impôt. Sir Robert Peel s’est montré plus généreux et plus juste. Sans aucun doute, les puissances qui ont garanti la dette du royaume grec auraient le droit de saisir ses revenus, afin d’obtenir le remboursement de l’arriéré ; mais c’est un droit dont elles n’useront qu’à la dernière extrémité. De même aussi, par la raison qu’elles sont responsables des suites de leur protectorat, les puissances qui ont fondé le royaume grec, et qui ont garanti l’intégrité de son territoire, peuvent intervenir dans les affaires du pays : c’est leur intérêt, c’est leur droit de surveiller attentivement sa marche, puisqu’elles sont exposées à subir les conséquences des