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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/859

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de son nom. C’est ainsi que nous apparaît la comtesse Ilda Schoenholm, au moment où s’ouvre le récit de l’auteur.

Après Ilda Schoenholm, à côté d’elle, un des caractères les mieux tracés est celui de Polydore.

Polydore est artiste. La chaste muse de la sculpture lui a révélé ses pures beautés ; elle lui a remis ce ciseau inspiré qui doit arracher au marbre les contours sacrés, les statues immortelles qu’il cache dans ses flancs. Il est passionné pour le beau ; c’est une ame noble et ardente. Polydore est né dans le Tyrol, dans la petite ville de Botzen ; son père est un pauvre vigneron de la montagne. Tout enfant, au milieu des travaux de la terre, son imagination se développait en silence ; il dessinait avec un instinct merveilleux, et plus d’une fois les jeunes filles de Botzen posèrent devant le jeune vigneron. Un jour, après certaine aventure naïve, l’enfant n’ose plus rester au village ; il part et se dirige vers l’Italie. Il a entendu parler de Rome et de Florence ; il veut aller à Florence et à Rome. Comment il y arrive, c’est là une longue histoire ; point d’argent, point de protection, mais qu’importe ? La jeunesse est si prompte, si confiante, et l’amour de l’art entraîne si vaillamment les cœurs qu’il possède ! Qui donc voudrait rien refuser à ce pauvre voyageur, si candide sous ses cheveux blonds ? Le fermier toscan l’accueillera sous son toit, le pâtre de la campagne romaine partagera avec lui son morceau de pain. Un jour, à Vérone, une noble dame, frappée de son costume tyrolien, lui adresse la parole en allemand, tandis qu’il copie quelque tombeau dans une église. C’est la comtesse Ilda Schoenholm. Elle lui fait conter son histoire, elle l’encourage, lui donne son nom, et compte bien le retrouver à Rome. Une heure après, l’enfant avait oublié le nom de sa belle protectrice, et il se mettait gaiement en route, sans grand souci du lendemain ; mais le lendemain arrive, et la faim, et la misère. C’était un artiste étourdi qui était parti de Botzen ; ce fut un pauvre mendiant qui arriva bientôt à Rome. Et que serait-il arrivé de lui, si la comtesse Ilda ne l’eût rencontré par hasard ? Or, la comtesse devient comme la mère du jeune montagnard ; elle lui fait donner cette première éducation qui lui manque, elle cultive précieusement cette jeune intelligence si bien douée, et, quelques années après, Polydore était l’élève le plus distingué de Thorwaldsen.

Il nous reste à signaler le troisième personnage, qui partage avec Ilda et Polydore l’attention du lecteur.

Ondine a été mariée au cousin d’Ilda Schoenholm, au comte Ascanio. Ondine est faible ; elle a besoin d’un appui, d’un amour attentif