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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/879

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ETUDES


SUR L'ANTIQUITE.




DE LA MEDEE D'APOLLONIUS.




« Les anciens ne se sont pas contents de peindre simplement d’après nature, ils ont joint la passion à la vérité, »
FÉNELON, Lettre sur l’Éloquence.


La Didon de Virgile passe avec raison pour la création la plus touchante que nous ait léguée l’antiquité ; elle en est à la fois la beauté le plus en vue. L’antiquité, en effet, se présente à nous par divers aspects et comme par divers étages de perspectives ; elle a ses profondeurs et ses premiers plans. L’antiquité latine, plus rapprochée de nous que la grecque, nous est dès long-temps plus familière ; c’est sur elle que tombent d’abord les regards, et qu’aussi, à mesure qu’on s’éloigne, on a plus de facilité pour se reporter. Même lorsqu’il ne nous est pas donné de pénétrer au-delà, et qu’en avançant dans la vie nous n’avons plus que des instans pour nous retourner vers cette patrie première de toute belle pensée, la villa d’Horace, ce Tibur tant célébré, continue de nous apparaître à l’horizon, couronnant les dernières collines, et surtout, comme sur un dernier promontoire de cette mer d’azur aux rivages immortels, s’élève encore et se dessine, aussi distinct qu’au premier jour, le bûcher fumant de Didon.