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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/95

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VOYAGE ARCHÉOLOGIQUE À NINIVE.

sculptées un nombre considérable de figures dont les plus grandes ont un mètre. Ces deux zones sont séparées par une bande d’inscriptions en caractères cunéiformes, c’est-à-dire en forme de coins, allant d’un bord à l’autre de la pierre. Dans d’autres salles et sur les façades extérieures, les pierres de revêtement portent des figures plus grandes qui les couvrent de haut en bas, et dont le relief, proportionné à leur taille, a une saillie de quelques centimètres. Sur les façades sont invariablement représentés et fréquemment répétés des personnages ailés, coiffés de bonnets à cornes ou à tête d’épervier, présentant une pomme de pin de la main droite, tandis qu’à leur main gauche est suspendue une corbeille ou un seau. Sont-ce des divinités ou des prêtres revêtus de l’emblème du dieu au culte duquel ils sont voués ? Cette dernière hypothèse me semble peu probable, car tous les prêtres attachés au culte d’une divinité qui a pour principal attribut des cornes, ou des ailes, ou une tête d’épervier, tous ces prêtres devraient porter ses emblèmes, et les figures symboliques dont il est question n’offrent pas cette particularité ; elles sont d’ailleurs toutes accompagnées d’un personnage à formes humaines, et qui, à en juger par la main qu’il élève en signe d’hommage religieux, ou par la bandelette qui orne son front, ou encore par le bouc sacré dont il va faire offrande, doit représenter le prêtre assistant la divinité. Ce qui me porte à croire qu’il en doit être ainsi, c’est que, sous le sol du palais, il a été trouvé de petites statuettes exactement semblables, et qui, à coup sûr, ne peuvent représenter autre chose que des divinités. J’en parlerai plus loin. Il est assez difficile de démêler le sens mystique de ces représentations qui divinisent des monstres dont les analogues ne se trouvent que dans les religions les plus barbares ; mais, quel que soit d’ailleurs le vrai caractère de ces personnages, l’on doit, en tout cas, les accepter pour des symboles religieux.

Après les dieux et leurs acolytes vient le roi, qui s’avance majestueusement au-devant de son visir, ou peut-être du chef des mages, du plus grand des Chaldéens. Tous deux ont la main levée en signe de serment et d’hommage, geste consacré, car on le trouve encore sur les monumens de la Perse, soit de l’époque de Darius, soit de celle de Sapor. Derrière le roi est l’eunuque qui, par son rang dans la hiérarchie du harem royal, le suit de plus près ; il tient le chasse-mouche, et, après lui, marchent d’autres eunuques ou des guerriers à longue barbe portant les armes du roi, son carquois garni de flèches, son arc au cou de cygne, et sa masse à triple tête de lion. Puis cette procession s’augmente d’un grand nombre de personnages qui paraissent