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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/978

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Nous indiquerons en passant les exemples fournis par les législations étrangères, les lacunes à remplir, les améliorations possibles. Notre but sera atteint si cet examen peut fournir quelques notions utiles et sinon des solutions définitives, du moins des renseignemens à consulter.


I.

Avant d’exposer les systèmes, recherchons les diverses branches dont se compose la grande famille des fonctionnaires. A défaut d’une nomenclature complète dont le gouvernement lui-même possède à peine les élémens, et qui se modifierait peut-être pendant que nous la dresserions, faisons au moins le dénombrement des services publics les plus importuns. Les autres s’y rattacheront en quelque sorte d’eux-mêmes et par voie d’assimilation. Après avoir passé cette espèce de revue, nous dirons les conditions générales de l’organisation du personnel public considéré dans son ensemble.

Trois branches du service de l’état se présentent les premières et appellent d’abord l’attention par la grandeur des besoins sociaux auxquels elles correspondent, par une organisation régulière et par une destination précise. Nous voulons parler du clergé, de la magistrature et de l’Université. La religion, la justice, la science, sont à la tête des intérêts moraux d’une nation, et ceux dont le devoir est d’en répandre les bienfaits exercent un ministère sacré. Le clergé compose en France un corps public, rétribué par le trésor, exerçant ses fonctions en vertu d’une délégation directe ou indirecte de l’autorité civile, lié par un serment et soumis à des devoirs qui concilient à la fois la liberté inviolable de la conscience et les droits inaliénables de l’état. La religion catholique, professée par la majorité des Français, selon les termes de la charte de 1830, compte 41,619 prêtres, dont 39,238 rétribués sur les fonds du trésor public. Ses pieux ministres sont répartis entre tous les centres de population jusqu’aux plus humbles hameaux, et chaque année le gouvernement augmente le nombre des autels à desservir. La communion protestante entend la parole de 690 pasteurs ; le culte juif, salarié par l’état depuis 1830, a 111 rabbins ou ministres officians. — Notre système judiciaire, qui rapproche partout le juge du justiciable et place les garanties d’une bonne justice dans le nombre des juridictions et des membres qui y sont attachés en proportion de l’importance de chacune, donne au personnel de la magistrature un développement qu’il n’a reçu dans aucun autre pays. La cour de cassation