Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/982

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

publique, en divisions militaires pour les affaires de la guerre, en inspections pour les travaux publics, en conservations pour les forêts. Les contrées étrangères où la France juge nécessaire d’entretenir des représentans sont elles-mêmes divisées en grandes régions et distribuées entre les ambassadeurs ou ministres et les consuls-généraux. A des degrés divers et successifs, l’autorité déléguée par le ministre au chef intermédiaire descend de celui-ci à ses inférieurs. Chaque case de cet échiquier, si l’on peut ainsi parler, a une organisation propre et reproduit une unité secondaire dans la grande unité politique : dans le diocèse, l’archevêque, l’évêque, le curé de canton, le desservant ; dans le ressort, la cour royale, le tribunal de première instance, la justice de paix ; dans l’Académie, le recteur, l’inspecteur, le proviseur ou le professeur de collége royal, le principal ou le régent de collége communal ; dans la division militaire, le lieutenant-général, le maréchal-de-camp commandant la subdivision, le commandant de place ; dans chaque département, le préfet, le sous-préfet, le maire, — l’ingénieur en chef des ponts et chaussées, l’ingénieur ordinaire, — le receveur-général, le receveur particulier, les percepteurs, — le payeur-général, -le directeur de département, le directeur d’arrondissement dans les régies financières.

Cette savante et ingénieuse organisation reçoit l’impulsion du pouvoir central, qui en est l’ame. Le clergé seul, dans l’accomplissement de ses devoirs spirituels, ne relève que de ses propres chefs. A la tête de la magistrature, qui, sur son siége, ne peut être subordonnée à la volonté ministérielle, la cour de cassation maintient l’application uniforme des lois dans tous les tribunaux du royaume. Dans toutes les autres parties du service, le mouvement est imprimé et la conduite réglée par le pouvoir responsable. Un ordre parti du siège du gouvernement est transmis de proche en proche et pénètre en quelques jours jusqu’aux extrémités les plus reculées du royaume. Partout il peut compter sur une obéissance fidèle, sur une même exécution. Ainsi fonctionne le système de la centralisation, cette grande force de la France, d’autant plus nécessaire que nos institutions font une plus large part à l’intervention des citoyens, si prompte à dégénérer en opposition et en résistance. La centralisation, c’est l’ordre et l’unité, et pour ne parler que du sujet qui nous occupe, si le pouvoir central n’avait point autorité sur les fonctionnaires, le trouble et la confusion régneraient bientôt parmi eux. Tout le personnel public dépend donc plus ou moins étroitement du gouvernement. Ce pouvoir suprême se personnifie dans les ministres responsables, chargés par la constitution, et sous le contrôle des chambres,