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rapproche par une si étroite analogie, ne possède aucune institution de ce genre. Le recrutement y est préparé par l’adjonction d’un certain nombre d’attachés aux bureaux du ministère ou aux ambassades ; malheureusement leur nomination est toute discrétionnaire. Point d’examen, point d’études obligées ; point d’avenir assuré. L’enseignement nécessaire à ces futurs diplomates n’est donné dans aucune école. Sous l’empire, Napoléon avait chargé M. le comte d’Hauterive de lui proposer les mesures nécessaires pour combler cette lacune ; les évènemens politiques ne permirent point à cette pensée de se réaliser. En 1830, M. de Polignac, dans des vues de politique plus peut-être que d’utilité publique, avait fondé aux affaires étrangères un cours de droit public et un cours d’instruction diplomatique, destinés à vingt-quatre élèves, parmi lesquels, selon leur capacité et leur zèle, devaient être pris des secrétaires surnuméraires, pépinière officielle du personnel des ambassades et des légations. La révolution de juillet a renversé cet établissement naissant. Depuis, aucune disposition n’a été faite pour former ni pour instruire des sujets capables de suivre avec succès une carrière qui exige des qualités et des connaissances si spéciales et si nombreuses[1].

Nos dernières critiques s’adressent à l’administration départementale. L’accès n’en est point défendu contre les surprises de l’ignorance et de la médiocrité, et tous les postes en sont accessibles à toutes les ambitions. On y débute par le titre d’auditeur au conseil d’état ou d’attaché au ministère de l’intérieur, et par les fonctions de conseiller de préfecture, qui depuis quelques années ont été conférées à titre de noviciat ; mais, par des raisons de plusieurs natures, ces diverses initiations n’atteignent point le but. Les auditeurs au conseil d’état, qui devraient être destinés surtout aux emplois de sous-préfets, pour être promus ensuite aux préfectures, sont rarement appelés à ces emplois. Nommés qu’ils sont sur la proposition du garde-des-sceaux, dont ils dépendent, le ministre de l’intérieur les connaît peu, s’y intéresse encore moins, et ne se tient pas pour obligé de leur faire une carrière.

  1. En Belgique, les jeunes gens qui se destinent à la carrière diplomatique sont obligés de subir un examen. Nous en avons le programme sous les yeux, et nous ne savons pas si beaucoup de nos jeunes diplomates seraient en état d’y satisfaire. On exige plus encore en Prusse. Un premier examen, cinq années d’études, des attestations de l’expérience acquise, enfin un dernier examen oral et par écrit sur l’administration intérieure, sur l’état agricole et commercial, et sur les intérêts les plus essentiels au commerce de la Prusse : tels sont les préliminaires obligés de l’admission dans la carrière.