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le jour où les ministres renonceront à des prétentions d’omnipotence que rien ne justifie, il sera facile d’organiser le noviciat judiciaire sur des bases qui satisfassent à la fois au vœu de l’opinion et aux intérêts sacrés de la justice.

Si ces intérêts tiennent le premier rang, ceux qui sont confiés au dehors aux agens diplomatiques et consulaires ne méritent pas moins, quoique dans une sphère différente, d’être remis à des mains dignes et habiles. Nos affaires extérieures sont confiées à deux ordres d’agens, entre lesquels les règlemens et les usages ont établi une séparation presque absolue. Le corps diplomatique et le corps consulaire, organisés parallèlement, sont entièrement distincts. A notre avis, ce divorce doit cesser. Plus les nations se rapprochent par des alliances commerciales et industrielles, plus la politique se lie étroitement au commerce, et plus le commerce à son tour, dans ses accidens si variés, a des rapports intimes avec la politique. Dans ce développement des relations internationales, il n’est pas plus permis à un agent consulaire d’ignorer l’histoire des traités qu’à un ministre politique d’être étranger aux questions de douanes et de tarifs. Certains préjugés de corps repoussent cette assimilation, mais elle est juste et nécessaire elle simplifierait, si elle était admise, beaucoup de difficultés, et permettrait d’asseoir cette branche du service public sur des bases plus larges. Quant à présent, des dispositions toutes différentes règlent l’admission dans l’une et l’autre carrière. Celle des consulats est organisée très régulièrement. Des élèves consuls en occupent le seuil, et leur existence, qui remonte à Louis XIV, est consacrée par le règlement du 3 mars 1781. Placés auprès des consuls, ils vivent avec eux, assistent à leurs actes, s’initient à toutes les connaissances relatives à l’administration des consulats, étudient les langues étrangères, font des extraits de toutes les affaires contentieuses soumises aux consuls, ainsi que des jugemens rendus, et chaque année sont tenus de subir un examen et de rédiger un mémoire sur un sujet désigné par le ministre, auquel ce travail est ensuite adressé.

Ce système offre des garanties réelles. Il est vrai que la sévérité des examens n’est point assurée par la publicité, que les candidats sont exclusivement au choix du ministre, et qu’aucun concours n’est ouvert ; mais l’exécution franche des règlemens satisferait aux nécessités les plus impérieuses, et la capacité des agens sortis du corps des vice-consuls a jusqu’ici répondu au but de l’institution. On aurait d’ailleurs mauvaise grace à déclarer insuffisant le noviciat établi dans le corps consulaire, si l’on songe que la carrière diplomatique, qui s’en