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lonie se suffira, et peut-être même donnera des bénéfices ; mais cette question, qui a sans doute son importance, n’est que secondaire pour les fondateurs de la société d’Adoption. Ce qui leur importait surtout, c’était de prouver qu’on peut donner, à peu de frais, une éducation essentiellement morale et religieuse aux enfans trouvés, les plier de bonne heure et sans peine à des habitudes laborieuses, développer à la fois leurs forces et leur intelligence, en faire des hommes probes et des citoyens utiles. Cette preuve est donnée ; déjà la situation florissante de la colonie fait concevoir les plus belles espérances, déjà elle réalise les prévisions de M. le comte Molé, qui, en acceptant la présidence de la société, s’est dévoué à cette œuvre avec une chaleur et une persévérance qui attestent à la fois le noble cœur d’un homme de bien et les vues élevées d’un homme d’état.

Ce serait vainement, toutefois, que les esprits les plus éclairés s’uniraient pour soutenir et développer l’œuvre de Saint-Firmin, si le pays lui-même ne la sanctionnait en l’acceptant. Le bien que peut faire la charité privée est grand, mais il est limité. Il serait triste de penser que cette heureuse création, qui arrache à une vie misérable et trop souvent honteuse des êtres innocens et malheureux, dût périr faute de trouver dans l’état l’appui dont elle a besoin. L’état se plaint, avec raison, de voir le nombre des enfans trouvés augmenter chaque jour, et cette institution peut lui venir efficacement en aide. Le chemin est ouvert, il ne reste qu’à suivre la route tracée. Il ne s’agit pas de chimériques projets, de vaines utopies. L’expérience est là, elle est décisives c’est à l’état qu’elle est utile, c’est à l’état de la soutenir, et nous espérons qu’il entendra notre appel.

Ad. de Watteville.

V. de Mars.