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électorale, dans le duché de Hesse-Darmstadt, dans le royaume de Wurtemberg. Déjà, au mois de février, les cours de Darmstadt et de Stuttgard avaient demandé à Berlin, à Vienne et à Munich s’il n’était pas urgent de saisir la diète de cette question religieuse. On sait la réponse de Berlin ; la Prusse favorisait alors les dissidens catholiques ; M. de Bulow et M. Eichorn niaient l’importance de cette émeute. Quant au cabinet de Vienne, au lieu de répondre, il récrimina vivement ; il rejeta toute la responsabilité des troubles sur la conduite des états protestans, il se plaignit avec amertume des gazettes de la Prusse et de la Saxe, et de la tolérance impie de la censure. Les plaintes étaient plus vives encore à Munich. Là les querelles étaient envenimées par les discussions du protestantisme bavarois avec l’état ; une ordonnance de 1836 oblige les protestans eux-mêmes à s’agenouiller quand passe la procession du saint-sacrement ; le synode d’Ansbach s’adressa au roi pour obtenir la suppression de cette mesure et réclamer la liberté de conscience. Le roi Louis rassembla deux fois son conseil ; ses fils, le prince royal et le prince Luitpold, assistaient aux séances : l’affaire fut renvoyée devant le conseil d’état, lequel choisit pour rapporteur M. le baron de Freyberg, membre de la chambre des députés, et l’un des chefs les plus exaltés du parti catholique. M. de Freyberg, quelques mois auparavant, avait déjà prononcé à la chambre un discours très remarqué, et qui ne laissait pas de doute sur le parti qu’il allait prendre. Il vit dans la pétition du synode d’Ansbach un crime de lèse-majesté, et conclut à la mise en jugement de tous les signataires. Cette opinion absurde fut heureusement repoussée par le conseil des ministres, et il paraît bien que la modération du cabinet est due à l’influence conciliante du prince Luitpold, qui s’efforce toujours d’introduire dans les conseils de son père un sage esprit de tolérance et de liberté. La pétition du synode d’Ansbach fut seulement renvoyée au synode général, auquel, disait-on, elle aurait dû être communiquée d’abord. On refusait ainsi de punir les pétitionnaires ; c’était beaucoup sans doute pour le cabinet bavarois, mais rien n’avançait cependant ; la question écartée pour un défaut de procédure, les griefs des protestans subsistaient toujours. L’affaire des dissidens catholiques vint augmenter ces embarras. Les légations protestantes de Saxe, de Prusse, de Wurtemberg, étaient continuellement aigries à Munich par le ton violent des journaux officiels, qui signalaient les pays luthériens comme des foyers d’impiété. Dans des circonstances où il eût fallu tant de calme, c’étaient des hommes de parti qui se trouvaient à la tête des affaires. Le ministre de l’intérieur en Bavière est M. d’Abel, chef des