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les agens doivent tempérer les exigences de la loi par toutes les facilités qui n’engagent point leur responsabilité. S’agit-il de l’exécution des mesures qui intéressent l’ordre et la sûreté, ils doivent être fermes, mais équitables et concilians. S’agit-il enfin des services dont l’administration a la direction, ils ne doivent jamais perdre de vue que, s’ils ne touchent point directement un salaire du particulier qui s’adresse à eux, c’est le public qui les paie et qu’ils sont chargés de servir. On en voit trop qui tranchent du personnage, parce qu’ils ont l’honneur d’appartenir à l’état, et qui manquent d’empressement et même d’exactitude envers le public, parce qu’ils n’en dépendent point directement. Les instructions de leurs chefs, les habitudes d’une bonne éducation, devraient au moins leur donner les manières courtoises et complaisantes que l’aiguillon de la concurrence inspire aux agens des industries libres. Plusieurs gouvernemens étrangers nous offrent à cet égard des modèles qui ne sont pas à dédaigner. En Angleterre, en Prusse, en Russie, les employés des administrations publiques sont pleins de politesse. C’est une question qui mérite toute l’attention du gouvernement, les citoyens ont droit d’exiger qu’on les traite avec déférence. Il en est beaucoup qui sont disposés à juger le gouvernement sur la conduite de ses agens, et plus d’une résistance n’a eu pour cause que la grossièreté de l’officier public chargé de veiller à l’exécution de la loi.

A cet ordre de devoirs se rapporte le costume officiel que plusieurs catégories de fonctionnaires sont obligées de porter. A l’égard des uns, le costume a pour objet de commander le respect au public, de l’imposer même entre eux à des hommes parmi lesquels doit régner le sentiment des convenances réciproques. C’est ainsi que les magistrats portent la robe, ordinairement même dans leurs réunions intérieures. A l’égard des autres, le costume a pour objet d’inspirer confiance aux citoyens, et de leur désigner par un signe apparent l’agent de la force publique qui a droit de les rappeler à l’observation de la loi, et dont ils ont droit à leur tour de se plaindre et de provoquer la punition, s’il abuse de son autorité. Le costume n’est pas un futile ornement il contribue plus qu’on ne le croit, au maintien de l’ordre et de la considération due aux pouvoirs constitués par la loi.

Les rapports des fonctionnaires entre eux sont soumis à des règles simples et claires. Dans le même service, ces rapports sont déterminés par l’ordre hiérarchique, et, à égalité de grade et de classer par l’ancienneté. L’inférieur doit céder le pas son supérieur, et le dernier nommé à celui qui l’a précédé dans la carrière, à moins qu’une volonté compétente