Oui ; il m’a vendu des pommes et du foin avec beaucoup de galanterie, et je veux lui rendre sa politesse.
C’est bien vous, par exemple. L’être le plus ennuyeux ! on devrait le nourrir de sa marchandise. Et à propos, savez-vous ce qu’on dit ?
Non. Mais on ne vient pas : qui avait donc sonné ?
Personne ; une petite fille, je crois, avec un carton, je ne sais quoi ; une blanchisseuse. Elle est là, dans la cour, qui parle à vos gens.
Vous appelez cela je ne sais quoi ; vous êtes poli, c’est mon bonnet. Eh bien ! qu’est-ce qu’on dit de moi et de M. Camus ? Fermez donc cette porte ; il vient un vent horrible.
On dit que vous pensez à vous remarier, que M. Camus est millionnaire, et qu’il vient chez vous bien souvent.
En vérité ? pas plus que cela ? Et vous me dites cela au nez tout bonnement ?
Je vous le dis parce qu’on en parle.
C’est une belle raison. Est-ce que je vous répète tout ce qu’on dit de vous aussi par le monde ?
De moi, madame ? Que peut-on dire, s’il vous plaît, qui ne puisse pas se répéter ?
Mais vous voyez bien que tout peut se répéter, puisque vous m’apprenez que je suis à la veille d’être annoncée Mme Camus. Ce qu’on dit de vous est au moins aussi grave, car il parait malheureusement que c’est vrai.
Et quoi donc ? Vous me feriez peur.
Preuve de plus qu’on ne se trompe pas.