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émanées de la pairie primeraient bientôt toutes les autres. Quant à moi, je m’en féliciterais ; je ne veux pas que cette candidature soit exclusive ; je ne demande pas mieux qu’elle soit prépondérante.

Ainsi, confier à la chambre des pairs le droit de proposer, à certaines époques fixes, un nombre indéterminé de candidats entre lesquels le gouvernement ferait un choix, concurremment avec les candidats fournis par les autres catégories, tel est un des points de la réforme de la loi sur la pairie que je proposerais avec le moins de défiance, persuadé que ce serait un bon acheminement au but que nous devons chercher à atteindre, c’est-à-dire d’avoir une pairie, et d’échapper à la prophétie de M. Royer-Collard.

L’autre mode de recrutement de la pairie, ou plutôt de candidature, puisque, dans les termes de la charte, il ne peut être question que de candidatures et non pas de nominations, l’autre mode, dis-je, de candidature que le rapporteur de 1831 ne discute guère non plus, est le système qui rattache la pairie aux conseils-généraux, en leur confiant le soin de présenter des candidats. « Ce moyen, dit M. Bérenger, aurait, au premier abord, l’avantage de lier l’institution de la pairie aux institutions départementales, de telle sorte qu’elles se prêteraient un mutuel appui ; mais on se trouve arrêté par la crainte de donner aux conseils-généraux un caractère politique, tandis qu’il est si important de leur ôter ce caractère, pour les laisser exclusivement occupés d’intérêts locaux. »

Je dois d’abord remarquer qu’en 1831 les conseils-généraux n’étaient pas constitués, et qu’on ne savait pas encore quel serait l’effet de cette nouvelle institution. Aujourd’hui l’expérience est faite : les conseils-généraux ont réussi : ils sont une des institutions que le pays a le mieux adoptées. Les défiances que l’on avait à ce sujet en 1831 ne sont donc plus de saison, et, en rattachant la pairie aux institutions départementales de telle sorte qu’elles se prêtent un mutuel appui, on sait quel est l’appui que les conseils-généraux pourront donner à la Pairie ; c’est un appui populaire et territorial, si je puis parler ainsi : un appui populaire, car, procédant de l’élection, les conseils-généraux rattacheront la chambre des pairs au pays, et lui donneront une origine indépendante ; un appui territorial, car les conseils-généraux sont surtout chargés de représenter les influences locales. Ce n’est pas toujours le plus grand propriétaire du canton qui est membre du conseil-général ; mais la propriété en général, avec tous les intérêts qui s’y rattachent, la viabilité des routes, la facilité des transports, l’amélioration de l’agriculture, dans les grandes villes le développement