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et la protection de l’industrie nationale, tout cela est représenté et défendu par les conseils-généraux. Ils s’occupent des intérêts locaux ; mais ces intérêts locaux sont déjà assez élevés pour être des intérêts généraux. Ces intérêts sont locaux, parce qu’ils s’appliquent à une portion du territoire ; ils sont généraux, parce que de leur bon accommodement résulte la prospérité générale du pays. L’influence territoriale résidant ainsi dans les conseils-généraux, il y a un grand avantage à rattacher la pairie à cette influence, qui est une influence d’ordre et de stabilité.

Déjà, dans la pensée du législateur de 1831, il avait paru bon de rattacher à la pairie l’influence de la propriété, de l’industrie et du commerce, et de l’y rattacher à l’aide des fonctions électives. De là cet article de la loi qui déclare admissibles à la pairie les propriétaires, les chefs de manufacture et de maison de commerce ou de banque payant 3,000 francs de contributions directes, soit à raison de leurs propriétés foncières depuis trois ans, soit à raison de leurs patentes depuis cinq, lorsqu’ils auront été pendant six ans membres d’un conseil-général ou d’une chambre de commerce. De là encore cet autre article qui admet également à la pairie les présidens trois foi élus des conseils-généraux. Ce serait donc se conformer aux intentions du législateur, en les étendant, que d’établir un nouveau lien entre la pairie et les conseils-généraux, en les chargeant du soin de présenter au choix du gouvernement une liste de candidats pris dans le sein du conseil-général ou en dehors. Cette candidature, plus large que celle des deux catégories que je viens de citer, lesquelles exigent ou 3,000 francs d’impôts ou trois élections à la présidence, accroîtrait d’une part la puissance des conseils-généraux, et de l’autre donnerait aux membres de la pairie cette part d’influence locale que doivent exercer dans notre gouvernement les membres des assemblées délibérantes. La chambre des pairs est trop parisienne ; elle ne touche pas assez au sol de nos départemens. La candidature des conseils-généraux donnerait aux pairs une patrie locale.

J’ajoute encore que cette candidature, non plus que celle que je propose de confier à la chambre des pairs, ne serait point exclusive : elle concourrait avec la candidature des autres catégories.

Reste l’objection que faisait M. Bérenger : Vous allez donner aux conseils-généraux un caractère politique qu’ils ne doivent pas avoir. La politique est déjà pour beaucoup dans l’élection des membres des conseils-généraux ; elle sera aussi pour beaucoup dans la candidature que je leur remets ; mais je ne m’en plains pas. Dans notre gouvernement,