ans, 42 choix avaient porté sur l’université de Louvain, 20 seulement sur les deux universités de l’état réunis, et pas un seul sur l’université libre de Bruxelles, fondée et soutenue par les dons des libéraux. M. Nothomb ne pouvait pas songer cette fois à abriter les empiètemens des catholiques sous un principe libéral. Les rôles étaient distincts, les principes et les moyens parfaitement définis de part et d’autre. Il s’agissait pour M. Nothomb, ou de se mettre à la merci des catholiques par une abjuration solennelle ; ou de pactiser ouvertement avec son ancien parti. Qu’a fait M. Nothomb pour éluder cette double difficulté ? Il a présenté un projet qui déférait au roi la nomination du jury d’examen, et il a feint de le défendre, huit jours durant, contre les attaques des catholiques, pendant qu’il travaillait sous main, de concert avec eux, à le faire échouer.
L’année paraissait donc bonne pour les catholiques, qui avaient soustrait leurs collèges au contrôle de l’état, accaparé l’enseignement primaire, et assuré pour quatre ans, terme accorde à la nouvelle organisation du jury d’examen, leur privilège d’inquisition sur l’enseignement universitaire ; elle paraissait bonne aussi pour M Nothomb, qui désormais croyait avoir le droit d’objecter aux libéraux leur impuissance, et d’excuser par des nécessites parlementaires les concessions faites à l’esprit ultramontain Ce triomphe a été de courte durée. Les élections provinciales de juin 1844 sont venues prouver aux catholiques qu’ils avaient perdu dans l’opinion plus de terrain qu’ils n’en avaient gagné dans le domaine des institutions. Ces élections ont été un véritable coup de théâtre En dépit du clergé et de M Nothomb, Gand, Liége, Tournay, Bruxelles, Louvain même, ce puissant foyer de réaction, sont parvenus à expulser tous ou presque tous les candidats du parti catholique. Les élections provinciales sont faites par la même catégorie de votans qui fait les élections parlementaires, à cette différence près que les membres des deux chambres sont nommés par arrondissement, tandis que les conseillers provinciaux le sont par canton. Cette différence a rendu plus saillante encore la défaite des ultramontains. Le mouvement de 1844 ne s’est pas limité aux grands centres de population, où les électeurs paysans, cet élément fondamental de la puissance cléricale, sont en minorité ; les cantons ruraux, où la presque unanimité appartient aux paysans, ont suivi en grande partie l’impulsion des villes. On a vu plus : à Tournay, par exemple, le collége où votaient les électeurs de la banlieue a donné aux libéraux une majorité proportionnellement plus forte que celle du collége où votaient