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et qui naît du besoin que nous éprouvons de réduire les formes vitales à un petit nombre de types fondamentaux. Au milieu des richesses de la nature et de cette accumulation croissante des observations, l’homme se pénètre de la conviction intime qu’à la surface et dans les entrailles de la terre, dans les profondeurs de la mer et dans celles des cieux, même après des milliers d’années, « l’espace ne manquera pas aux conquérans scientifiques. » Le regret d’Alexandre ne saurait s’adresser aux progrès de l’observation et de l’intelligence.

De même que l’histoire des peuples, si elle pouvait toujours remonter avec succès aux véritables causes des évènemens, parviendrait à résoudre l’éternelle énigme des oscillations qu’éprouve le mouvement tour à tour progressif ou rétrograde de la société humaine, de même aussi la description physique du monde, la science du Cosmos, si elle était conçue par une forte intelligence et fondée sur la connaissance de tout ce que l’on a découvert jusqu’à une époque donnée, ferait disparaître une partie des contradictions que semble offrir au premier abord la complication des phénomènes, effet d’une multitude de perturbations simultanées. La connaissance des lois, qu’elles se révèlent dans les mouvemens de l’océan, dans la marche calculée des comètes, ou dans les attractions mutuelles des étoiles multiples, augmente le sentiment du calme de la nature. On dirait que « la discorde des élémens, » ce long épouvantail de l’esprit humain dans ses premières intuitions, s’apaise à mesure que les sciences étendent leur empire. Les vues générales nous habituent à considérer chaque organisme comme une partie de la création entière, à reconnaître dans la plante et dans l’animal, non l’espèce isolée, mais une forme liée, dans la chaîne des êtres, à d’autres formes vivantes ou éteintes. Elles nous aident à saisir les rapports qui existent entre les découvertes les plus récentes et celles qui les ont préparées. Relégués sur un point de l’espace, nous n’en recueillons qu’avec plus d’avidité ce qui a été observé sous différens climats. Nous aimons à suivre d’audacieux navigateurs au milieu des glaces polaires, jusqu’au pic de ce volcan du pôle antarctique ; dont les feux sont visibles pendant le jour à de grandes distances ; nous parvenons même à comprendre quelques-unes des merveilles du magnétisme terrestre, et l’importance des nombreuses stations disséminées aujourd’hui dans les deux hémisphères pour épier la simultanéité des perturbations, la fréquence et la durée des orages magnétiques.

Qu’il me soit permis de faire quelques pas de plus dans le champ des découvertes dont l’importance ne peut être appréciée que par