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importantes, que ces mêmes sciences ont été cultivées avec une sagacité d’observation et une prédilection toutes particulières. C’est ce genre d’attente qu’excitent la météorologie, plusieurs parties de l’optique, et, depuis les beaux travaux de Melloni et de Faraday, l’étude du calorique rayonnant et de l’électro-magnétisme. Il reste là à recueillir une riche moisson, bien que la pile de Volta nous montre déjà une liaison intime entre les phénomènes électriques, magnétiques et chimiques. Qui oserait affirmer aujourd’hui que nous connaissons avec précision la partie de l’atmosphère qui n’est pas de l’oxygène, que des millièmes de substances gazeuses agissant sur nos organes ne sont pas mêlés à l’azote, qu’on ait même découvert le nombre entier des forces qui existent dans l’univers ?

La physique du monde, telle que j’entreprends de l’exposer, n’a pas la prétention de s’élever aux périlleuses abstractions d’une science purement rationnelle de la nature. C’est une géographie physique réunie à la description des espaces célestes et des corps qui remplissent ces espaces. Étranger aux profondeurs de la philosophie purement spéculative, mon essai sur le Cosmos est la contemplation de l’univers, fondée sur un empirisme raisonné, c’est-à-dire sur l’ensemble des faits enregistrés par la science, et soumis aux opérations de l’entendement qui compare et combine. C’est dans ces limites seules que l’ouvrage que j’ai osé entreprendre rentre dans la sphère des travaux auxquels a été vouée la longue carrière de ma vie scientifique. Je ne me hasarde pas dans une sphère où je ne saurais me mouvoir avec liberté, quoique d’autres puissent à leur tour s’y essayer avec succès. L’unité que je tâche d’atteindre dans le développement des grands phénomènes de l’univers est celle qu’offrent les compositions historiques. Tout ce qui tient à des individualités accidentelles, à l’essence variable de la réalité, que ce soit dans la forme des êtres et dans le groupement des corps, ou dans la lutte de l’homme contre les élémens et des peuples contre les peuples, ne peut être rationnellement construit, déduit des idées seules.

J’ose croire que la description de l’univers et l’histoire civile se trouvent placées au même degré d’empirisme ; mais en soumettant les phénomènes physiques et les évènemens au travail de la pensée, et en remontant par le raisonnement aux causes, on se pénètre de plus en plus de cette antique croyance, que les forces inhérentes à la matière et celles qui régissent le monde moral exercent leur action sous l’empire d’une nécessité primordiale, et selon des mouvemens qui se renouvellent par retours périodiques plus ou moins longs. C’est cette