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REVUE DES DEUX MONDES.

les grands jours que M. Gonod vient de découvrir à Clermont, Fléchier nous parle d’une demoiselle qui était la Sapho du pays, et qui réunissait autour d’elle un nombreux cortège d’adorateurs. Dans cette foule obscure, un nom glorieux brille ; c’est le nom de Blaise Pascal. Si quelqu’un doute, qu’il lise les propres paroles du futur évêque de Nîmes : « Cette demoiselle était aimée par tout ce qu’il y avait de beaux esprits… M. Pascal, qui s’est depuis acquis tant de réputation, et un autre savant, étaient continuellement auprès de cette belle savante… Celui-ci (il s’agit d’un troisième amoureux) crut qu’il devait être de la partie… Il prenait donc le temps que ses deux rivaux n’étaient plus auprès d’elle, et venait faire sa cour après qu’ils avaient fait la leur, croyant qu’il ne fallait jamais laisser une belle sans galant et lui donner le temps de respirer en repos. » Voilà quelques-unes des curiosités littéraires dont M. Cousin a enrichi son rapport. Signalons au moins encore les accroissemens qu’a reçus son curieux vocabulaire des locutions les plus remarquables de Pascal. M. Cousin est le premier, si je ne me trompe, qui ait eu l’idée de ce genre de travail, à la fois philologique et littéraire, que l’Académie française vient de prendre sous sa protection et qu’elle veut désormais encourager de ses couronnes. Félicitons l’illustre écrivain de concourir ainsi doublement au maintien de la vieille langue française, en étudiant avec passion les œuvres des grands maîtres et en sachant les continuer.


— Parmi les publications utiles qu’a vu paraître notre époque, il en est une qui satisfait aux plus légitimes exigences de l’avide curiosité que provoque dans notre société la diffusion des lumières. Nous voulons parler de l’Encyclopédie des gens du monde[1]. Cette vaste collection est aujourd’hui sur le point d’être terminée. Le titre même indique les difficultés que les directeurs de l’Encyclopédie avaient à vaincre, et on doit reconnaître qu’ils les ont heureusement surmontées. L’élégance, la clarté de la forme, unies à des notions précises, à de solides aperçus sur les principales questions qui peuvent de nos jours intéresser l’esprit humain, tel est le double caractère qui distingue les travaux recueillis dans l’Encyclopédie des gens du monde, tels sont les titres qui déjà ont mérité à cette publication les suffrages et l’intérêt du public sérieux.



V. de Mars.
  1. Treuttel et Würtz, éditeurs, rue de Lille.