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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 9.djvu/364

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 janvier 1845.


L’évènement qui occupe aujourd’hui tous les esprits est l’attitude que M. le comte Molé vient de prendre dans la discussion de l’adresse à la chambre des pairs. L’illustre chef du 15 avril, rompant un silence de plusieurs années, a combattu nettement la politique ministérielle. Il a tenu le langage que l’on devait attendre de sa haute expérience, de sa fermeté et de son noble caractère. Ses paroles auront un grand retentissement dans le pays. Tout porte à croire qu’elles exerceront une influence décisive sur la marche des choses. La séance du 13 janvier comptera parmi les plus importantes que l’on ait vues depuis long-temps au Luxembourg ; mais, avant de raconter les divers incidens de cette séance, nous devons parler des circonstances qui l’ont précédée. Ce sera une histoire rétrospective que nous tâcherons d’abréger le plus possible.

On se rappelle les échecs que le ministère a essuyés dès les premiers jours de la session ; le discours du trône écouté dans un profond silence et avec une froideur marquée ; le candidat ministériel à la présidence du Palais-Bourbon repoussé au premier tour de scrutin, et ne passant au second tour qu’avec l’appui des radicaux et des légitimistes, enchantés, apparemment, de l’impopularité croissante du cabinet. On se rappelle l’élection de M. Dufaure à la vice-présidence ; on se rappelle surtout les 168 voix de M. Billault contre les 172 de M. de Belleyme, l’un des conservateurs les plus aimés de la chambre, et que la chambre aurait nommé à une grande majorité s’il n’avait été le candidat du ministère. Ces échecs multipliés, arrivant coup sur coup en quelques jours, avaient fortement ébranlé, comme on sait, la confiance du cabinet. Ils annonçaient un rapprochement entre les deux