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qui appartiennent réellement à cette époque ne se terminent pas presque tous par des voûtes à ogive, nous disons seulement que tout monument terminé par une voûte à ogive n’est pas nécessairement un monument de transition.

Mais si les voûtes sont un indice imparfait et souvent trompeur, il n’en est pas de même des parois verticales. Là, point d’équivoque possible. Si vous y trouvez l’ogive mêlée au plein cintre, soit par séries, soit par groupes alternatifs, vous êtes en pleine transition.

Il n’entre pas dans notre plan d’indiquer, même sommairement, sous combien de combinaisons différentes le mélange de ces deux formes peut se produire. Il faudrait passer en revue tous les monumens mi-partis qui sont parvenus jusqu’à nous. Le nombre en est immense, et l’on peut affirmer qu’il n’en est pas deux où le plein cintre et l’ogive occupent les mêmes places, et soient distribués dans le même ordre et dans les mêmes proportions : ici l’ogive domine dans l’intérieur du monument, tandis que toutes les ouvertures extérieures sont à plein cintre ; là les deux formes sont entremêlées, aussi bien en dedans qu’au dehors ; quelquefois c’est seulement dans les ouvertures extérieures du chœur que la forme aiguë apparaît timidement ; ailleurs c’est uniquement dans la façade qu’on peut en apercevoir quelques indices ; tantôt le plein cintre est seul admis dans les parties inférieures de l’édifice, tandis que les étages supérieurs semblent réservés à l’ogive ; tantôt, mais plus rarement, c’est l’ogive, comme à Noyon, par exemple, qui règne seule dans les premiers étages, tandis que le plein cintre est relégué dans le haut. L’énumération de toutes ces variétés serait interminable et sans profit. Il suffit de constater que quelle que soit la manière dont l’ogive se mêle au plein cintre, dès l’instant qu’elle occupe dans un monument, soit au dedans, soit au dehors, et plutôt dans les parties verticales que dans les voûtes, une place assez notable pour qu’il ne soit pas permis de supposer qu’elle la doive seulement au hasard, le monument est à coup sûr un monument de transition.

Voilà donc notre règle générale : le caractère de transition résulte de la présence simultanée de l’ogive et du plein cintre, quelle que soit la part plus ou moins grande accordée à l’une ou à l’autre de ces formes, mais pourvu que l’ogive, au lieu de n’être qu’un accident isolé, contribue à modifier dans une certaine mesure l’effet architectural du monument.

Hâtons-nous de dire que cette règle subit deux exceptions : d’une part, il est des édifices où vous ne trouvez pas un seul plein cintre,