aussi rationnel de protéger alors le symbole de Nicée par des dispositions pénales, qu’il a pu l’être de nos jours de mettre sous la protection des lois le droit que le roi tenait de sa naissance, selon la charte de 1814, ou celui qu’il tient du vœu de la nation, selon la charte de 1830 ?
Il fallait de longs et rudes assauts pour entamer cette grande idée de la chrétienté qui planait sur l’Europe depuis Charlemagne, et qui n’était pas demeurée moins vivace chez les réformés que chez les catholiques. Où donc a-t-on vu que les religionnaires aient appliqué, dans les états où il leur fut donné de prévaloir, le principe tout moderne de la liberté de conscience et surtout celui de l’égalité complète des croyances dans l’ordre politique ? Était-ce là ce que disaient Luther, Calvin et Zwingle ? était-ce là ce que faisaient Gustave Wasa et la papesse Élisabeth ? Les temps présens ne viennent-ils pas malheureusement confirmer encore sur ce point les enseignemens du passé ? Les pays les plus hostiles au nouveau droit public européen fondé sur l’incompétence de l’état en matière de religion ne sont-ils pas ceux où la réforme s’est enlacée comme une plante parasite au vieux tronc dont elle aspire la sève ? La France avait, même avant 1789, rendu l’état civil et l’égalité politique aux protestans. La Suède et le Danemark sont encore loin du temps de Louis XVI, et si le grand scandale de la persécution légale touche à son terme en Angleterre, c’est aux efforts persévérans de la plus pauvre des nations catholiques qu’il faut en attribuer la gloire.
Combien de temps la réforme résistera-t-elle à la liberté ? Dieu seul le sait. Quant à nous, nous acceptons de grand cœur l’épreuve nouvelle préparée par les âges. La séparation complète des deux puissances nous apparaît comme l’un des plus grands bienfaits que la Providence ait ménagés au catholicisme. En accueillant avec confiance ce grand changement, le culte catholique a fait aux docteurs qui arguaient de son immobilité la réponse du philosophe : il a marché.
Sachons ne pas nous étonner si les contemporains de Charles IX et de Henri III n’envisageaient pas les questions comme nous le faisons aujourd’hui, et s’ils résistaient avec énergie à des faits dont la portée peut nous paraître insignifiante. Les seules transactions durables sont celles que les évènemens ont préparées ; c’est se condamner à l’impuissance et parfois s’exposer à un martyre inutile, que de devancer le temps en prétendant substituer son œuvre propre à celle des siècles.
L’Hospital eut à la fois ce malheur et cette gloire ; il appartenait moins à son siècle qu’au nôtre. Les espérances de conciliation et de