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catholique du midi pendant vingt-cinq ans, et les évènemens se sont présentés tout à point pour le servir dans l’application de ses idées. Il est plus essentiel aujourd’hui qu’il ne l’a jamais été de connaître ces évènemens. Tous ceux auxquels nous assistons en dépendent, et l’on ne comprend rien à la situation présente de l’église germanique, si l’on ne se reporte aux premières années du siècle.

De 1803 à 1827, les catholiques de Bade et de Wurtemberg n’ont point eu de relations régulières avec le saint-siège. Les domaines ecclésiastiques une fois partagés entre les princes temporels par le recès de 1803, tout le gouvernement spirituel se trouva du même coup renversé. La simple abolition des anciennes circonscriptions diocésaines avait suscité pour la France de grandes difficultés auprès de la cour de Rome, et cependant la constituante, en augmentant ou en diminuant le territoire d’un diocèse, ne touchait pas à l’évêque, puisque depuis long-temps déjà l’évêque n’était plus propriétaire du territoire. En Allemagne, le souverain spirituel n’était point aussi parfaitement distinct du souverain temporel. Supprimer l’un, c’était en beaucoup d’endroits supprimer l’autre, et il arriva justement ainsi que les pays où la domination ecclésiastique avait été le plus profondément établie par la possession matérielle du sol se trouvèrent les plus dénués de toute direction spirituelle après la sécularisation générale. Il fallait bien y pourvoir. Les princes nommèrent des administrateurs et des conseils où les laïques siégeaient à côté des prêtres. L’église tomba donc tout-à-fait sous la tutelle de l’état. La rigueur du dogme y perdit peut-être, mais, à parler franc, la paix publique y gagna. Le goût de la tolérance religieuse, le besoin de croyances raisonnables, ces deux traits caractéristiques de la fin du XVIIIe siècle, devinrent des maximes obligées de gouvernement. Il y eut une pacification universelle de par la loi politique, et l’influence sociale du culte fut d’autant plus bienfaisante qu’on la soupçonna moins d’être intéressée. L’enseignement de la chaire produisit un meilleur effet sur les cœurs, parce qu’il évita davantage de heurter les esprits. L’éducation populaire et l’éducation sacerdotale avaient été singulièrement négligées par les anciens propriétaires des domaines de l’église ; les nouveaux maîtres que la force victorieuse du temps installait à leur place voulurent se faire pardonner leur usurpation en la rendant salutaire. Ils élevèrent des écoles dans les campagnes et propagèrent l’instruction dans le clergé.

M. de Wessenberg fut bientôt à la tête de cette grande œuvre de lumière et de charité. La cour de Rome ne consentit jamais à lui