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nous, et non sans quelque peine ; puis le cours triomphal de la république continue. Mais la vieillesse arrive, et le ton de Cromwell, dans les deux discours suivans, est mélancolique.


« … A vous dire vrai, j’ai éprouvé une indisposition ; c’est pourquoi je n’ose vous parler plus longuement, — si ce n’est pour vous faire savoir crue j’ai déclaré simplement et avec franchise l’état où est notre cause, et ce qu’elle a obtenu par les soins et les travaux de ce parlement depuis la dernière fois qu’il s’est assemblé. Je serais heureux de reposer mes os près des vôtres, et je l’aurais fait gaiement et de bon cœur dans la condition la moins élevée que j’aie jamais occupée, pour servir le parlement.

« Si Dieu, comme je l’espère, vous donne… il vous l’a donné ; car de quoi ai-je parlé, excepté de ce que vous avez fait ? il vous a donné la force de faire ce que vous avez fait, et, si Dieu vous bénit dans cette œuvre et rend cette assemblée heureuse en cela, vous serez tous nommés les bénis du Seigneur. Les générations à venir nous béniront. Vous serez les « réparateurs des brèches et des sentiers dans lesquels il faut vivre ; » et, s’il est un ouvrage plus grand que celui-ci dans ce monde et que les mortels puissent exécuter, j’avoue mon ignorance à cet égard.

« Comme je vous l’ai dit, je suis malade. Je n’ai pas le pouvoir de vous parler plus longuement ; mais j’ai prié une honorable personne qui est ici à mon côté de discourir un peu plus en détail de ce qui peut être le plus convenable pour cette occasion et cette assemblée. »

Pourtant les vues mâles et fortes de l’homme politique se retrouvent dans ce dernier discours, où « son altesse, dit Carlyle, regardant l’avenir et le passé, l’extérieur et le pays même, tout bien considéré, s’exprime véritablement avec noblesse. »


« MILORDS ET MESSIEURS DES DEUX CHAMBRES DU PARLEMENT,

« (Car c’est ainsi que je dois vous reconnaître), en vous ainsi qu’en moi est déposé le pouvoir législatif de ces nations ! — L’impression du poids de ces affaires et de ces intérêts pour lesquels nous sommes rassemblés est telle, que je ne saurais, en bonne conscience, être content de moi-même, si je ne vous exposais quelques-unes de mes craintes sur l’état des affaires de ces nations, vous proposant en même temps le remède qu’il peut être utile d’appliquer aux dangers dont nous sommes menacés en ce moment.

« Je considère que le bien-être, que l’existence même de ces nations est à présent en danger. Si Dieu bénit cette assemblée, notre paix et notre tranquillité peuvent être prolongées ; s’il en était autrement, — quand j’aurai parlé, je vous laisserai à considérer et à juger si, en ce qui concerne l’honneur, il y a même possibilité à nous de remplir ce devoir qui pèse sur nous, d’assurer la préservation et le salut de ces nations ! Quand je vous aurai dit les choses qui se présentent à ma pensée, je leur laisserai faire sur vos cœurs impression qu’il plaira à Dieu tout-puissant de produire en vous.

« Je regarde ceci comme le grand devoir de ma place, (je me regarde)