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fondé à se demander si la base même de l’inscription n’est pas fautive, et si des non-valeurs difficiles à saisir ne lui enlèvent pas tout caractère d’exactitude rigoureuse. Un coup d’œil jeté sur les états émanés du ministère du commerce va nous mettre à même d’établir ce rapprochement et de pousser à fond ce contrôle.

Dans les documens distribués aux trois conseils-généraux réunis en session, l’effectif de notre marine marchande est porté, pour l’année 1844, à 13,679 navires, jaugeant 604,637 tonneaux. Tel est, à sa date la plus récente, le mobilier consacré à notre navigation commerciale. Comparons-le avec celui des périodes antérieures, et nous verrons sur-le-champ s’il y a progrès ou décadence. En remontant aussi loin que le document officiel, on trouve, pour 1827, 14,322 navires, jaugeant 692,125 tonneaux, c’est-à-dire que dans un espace de dix-huit années nous aurions perdu sur l’effectif 643 bâtimens et 87,488 tonneaux. Si l’on veut, pendant cette même période, appliquer ce rapprochement à d’autres millésimes, on trouve pour :

1828. — 14,447 navires, jaugeant 693,381 tonneaux.
1831. — 15,031 - : - 684,127
1837. — 15,617 - - 680,365
1839. — 15,742 - - 673,308

Ainsi l’effectif de notre marine marchande a constamment décru dans une période de dix-huit années. Il est vrai que d’un côté le tonnage légal a été abaissé de 15 pour 100, et que de l’autre on a, en 1840, rayé des états un certain nombre de bâtimens hors de service ; mais ces deux causes limitent plutôt qu’elles ne changent les conclusions que l’on doit tirer de ce rapprochement. On pourrait nous opposer, avec plus de raison, le mouvement général de la navigation marchande, qui n’a pas subi une dépréciation comme l’effectif, et s’est au contraire élevé. En diminuant comme nombre, le mobilier de la marine du commerce se serait multiplié par l’activité. Cependant, sur ce point même, les états n’expliquent pas toutes les anomalies. Par exemple, les entrées et sorties réunies figurent, en 1844, pour un chiffre de 1,256,098 tonneaux, et, en 1839, pour un chiffre de 1,342,522 tonneaux. Il y a évidemment ici une diminution de travail, d’activité, par conséquent un moindre emploi de bras. Il faudrait que l’inscription, pour se mettre en harmonie avec ce fait, eût subi, en 1844, une grande dépréciation sur les existences de 1839. C’est le contraire qui a lieu. Le chiffre de 1839 est de 106,820 marins, celui