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LE MARQUIS.

Elle avait une fantaisie inventive à dessécher en un an la plus riche veine des mines du Pérou. Il faudra maintenant trouver nous-mêmes la manière de dépenser notre argent. Son absence se fait cruellement sentir. Vous n’allez pas me croire, tant c’est ridicule, mais il y a plus de quinze jours que je n’ai rien emprunté ; je ne sais que faire de mes richesses. Tiens, duc, veux-tu que je te prête mille louis ?

LE DUC.

Merci ; je joue du soir au matin pour me préserver d’une congestion pécuniaire.

LE MARQUIS.

Il faut y prendre garde, c’est grave. Vois plutôt ce gros financier, il est bourré d’écus, de louis, de doublons et de quadruples que son gilet mordoré a toutes les peines du monde à contenir, il va éclater un de ces jours, il mourra d’or fondu.

LE DUC.

Il n’y avait que Célinde pour empêcher de pareils malheurs.

LE CHEVALIER.

Qu’allons-nous faire aujourd’hui ?

LE DUC.

Ma foi, je ne sais, mon cher ; je m’étais arrangé dans l’idée de passer ma soirée chez Célinde. Du diable si j’imagine rien.

LE COMMANDEUR.

Parbleu ! restons. Si Célinde ne veut pas y être, ce n’est pas notre faute. Nous sommes ici un peu chez nous d’ailleurs.

LE DUC.

J’ai donné la maison.

LE COMMANDEUR.

Moi, l’ameublement.

LE MARQUIS.

Moi, la livrée et les équipages.

LE CHEVALIER.

Nous sommes ici en hôtel garni…

TOUS.

Par nous.

LE COMMANDEUR.

Restons-y.

LE CHEVALIER.

Voilà des cartes ; faisons un whist.