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LA


DECIMA CORRIDA


DE TOROS.




A M. le Directeur de la Revue des Deux Mondes.


Depuis que je suis revenu d’Espagne, il ne s’est point passé, je crois, un seul jour, sans que l’on m’ait adressé les deux questions suivantes Comment trouvez-vous la reine, et que pensez-vous des combats de taureaux ? J’en ai dû conclure, monsieur, que, la reine à part, les combats de taureaux étaient, de toutes les curiosités péninsulaires, une de celles qui paraissaient à Paris les plus piquantes, et il m’est prouvé que les récits pleins de verve de MM. Mérimée et Th. Gautier, sans parler des narrations moins véridiques datées récemment de Pampelune, ont excité l’intérêt plus qu’ils ne l’ont épuisé. Ceci posé, et la matière plaisant pour le quart d’heure à ma fantaisie, je vous conterai, si vous le permettez, une tragédie dont je fus témoin, il y a peu de mois, à Madrid, et qui me parut plus émouvante que tous les drames de Shakspeare.

Permettez-moi d’abord une courte introduction. Il me paraît curieux, avant de décrire l’état présent de la tauromachie en Espagne, de raconter son origine et les modifications successives qui ont fait d’un amusement périlleux un art véritable (el arte de torear), art qui a, comme la chorégraphie ou l’escrime, ses lois, ses principes et son code. Je don-